La Street Twin en milieu urbain

Bonjour a tous,

Je me permets, avec un mois de recul en compagnie d'une Street Twin, de livrer un retour d'expérience personnel. J'espere qu'il pourra aider certains indécis qui se trouveraient dans le meme cas que moi avant de franchir le pas et de s'offrir notre moto préférée.

Je me servais auparavant d'un Vespa GTS afin de faire du commuting urbain entre domicile et bureau. Mon trajet type dure 20 min environ sur 6 km de distance, avec un itinéraire alternant périurbain et urbain tres dense. Ce parcours se déroule a Londres mais ce retour d'expérience s'applique a n'importe quelle grande ville, notamment Paris que j'ai pas mal pratiqué en 2 roues. Avant de franchir le pas, mon interrogation principale concernait la praticité au quotidien d'une moto sur un trajet relativement court et impliquant pas mal de dépassements et de faufilements a basse vitesse dans un milieu tres embouteillé et - Angleterre oblige - plutot humide. Le tout en restant présentable une fois devant les collegues, évidemment !

Alors, a la question "peut-on se servir d'une Street Twin comme machine de commuting urbain", je répondrai: "oui, évidemment et quel plaisir, mais au prix d'une petite perte de comfort et d'un peu de frustration" :


On aime:

• Une aisance folle au sein des bouchons
  
  Venant d'un scooter léger et maniable, j'appréhendais en premier lieu la capacité de la moto a se faufiler entre les véhicules. L'inter-file en heure de pointe est primordial pour tenir son timing (et justifier de ne pas prendre le métro, en partie). Grand soulagement des les premiers jours : la Street Twin parait légere au guidon et permet de se frayer un chemin sans crainte et efficacement entre les voitures. Son gabarit fin m'a permis de me sortir de situation relativement serrée sans souci. Excellente surprise sur ce point, qui était ma crainte premiere.
  
  
  
• Le plaisir de la balade
  
  Evidemment, le plaisir d'une moto n'a pas d'égal. Le sentiment de liberté, meme sur des trajets courts, est infiniment plus fort que sur un scooter, qui n'est avant tout qu'un utilitaire. Les petits sacrifices (voir ci-dessous) de la semaine valent bien le plaisir des quelques heures de balades le weekend.
  
  
  
• L'appartenance a une communauté
  
  Je n'ai jamais autant parlé a des inconnus sur la route que depuis l'acquisition de cette bécane ! Je pensais la solidarité entre motard tres exagérée, elle est pourtant bien réelle. Tres sympa de commencer sa journée par une petite discussion avec un autre motard sur une Bonneville s'exclamant 'Nice bike!' au feu et vous donnant quelques petits conseils (mention spéciale au camarade qui m'a suggéré d'installer un Denali SoundBomb, avant de s'empresser de m'en faire une démo en effrayant les passant avec son klaxon de camion sur sa bonnie !).
  
  

On aime moins:

• Un temps de préparation accru
  
  Pantalon étanche, bottes, chaines, couverture ... La ou je n'avais qu'a enfourcher mon vespa, il me faut desormais compter plusieurs minutes avant de monter sur la ST. Pas de rangement nous plus evidemment, il faut donc s'équiper d'un sac a dos. Rien de neuf ici, juste un rappel que la moto est finalement moins rapide sur ce type de trajet a cause du temps de préparation.
  
  
  
• Le besoin d'une sécurité renforcée et les dégradations urbaines
  
  C'est probablement ma plus grosse déception, et elle n'a rien a voir avec la ST en elle-meme. J'ai bien sur connu des degradations avec mes 2 roues précédents, mais je dois avouer que le nombre d'atteintes a ma Street Twin en a peine 1 mois me laisse songeur. Pour ne donner que quelques mesaventures, je l'ai retrouvée renversée en pleine rue (le premier jour ... heureusement et etrangement sans degat a part l'embout de guidon gauche, facilement remplacé), depouillée de sa cover en pleine nuit, avec un trou de cigarette dans la selle (je n'ai pas encore trouvé la parade contre ca - il va falloir remplacer je pense). Bilan, je me sens obligé de la sur-protéger, ce qui ajoute au temps de préparation : chaine en acier de 19mm de diametre ancrée dans le sol, cover epaisse attachée par un U, trackers, disk locks avant et arriere ... Il faut dire que Londres connait depuis 2 ans des vols de scooters et moto en grande quantité, y compris dans les quartiers huppés (voir pour les footeux l'affaire du gang de voleurs de scooters agressant le footballer d'Arsenal Ozil en aout dernier). Je me suis tranquilisé grace a l'ajout de trackers, mais il n'est vraiment pas agreable de savoir que son bien est convoité a ce point ...
  
  
  
• Un coté overkill ?
  
  Premiere, seconde, premiere, seconde, troisieme, seconde, premiere.
  Impossible en milieu si embouteillé de dérouler les rapports. Le moteur coupleux de la Street Twin semble relativement bien vivre ce parcours a basse vitesse, mais il est évident que cette machine n'est pas taillée pour cela. Au point que je me demande parfois s'il n'est pas dommage d'etre au guidon de cette machine tous les jours sans jamais pouvoir l'exploiter. Nous le savons, le terrain de chasse de la Triumph est la campagne et les routes nationales. Si sa polyvalence lui permet d'etre utilisée a contre-emploi, il est vraiment frustrant de rester a bas régime et a faible vitesse, en jouant de l'embrayage tous les 10 metres. Disons pour rester positif que cela permet d'apprécier d'autant plus les escapades hors de Londres le weekend !
  

Au plaisir d'échanger si vos avis divergents ! Preneurs de vos astuces également si vous savez résoudre les quelques points négatifs cités.

Merci et bonnes fetes a tous,
Rémy

Super Rémy, merci pour ce retour détaillé.

Et désolé pour toi pour les dégradations. Je pensais nos amis british un poil plus respectueux.

Un petit conseil. Tu fais manifestement beaucoup de cycle urbain. Va la faire chanter régulièrement à la campagne, notamment pour la libérer au niveau moteur en la faisant monter en régime, voire quelques sessions de voies express/autoroutes de temps en temps pour la faire tourner à une plage de régime supérieur sur une durée conséquente.

Mes connaissances mécaniques sont limitées, mais il me semble que faire uniquement que de la ville encrasse plus vite les moteurs.

Intéressant - je réponds un peu à l'arrache.

Le tout en restant présentable une fois devant les collegues, évidemment !

Mon coloc à Warwick Road, allait travailler à pied jusqu’à Weighhouse Street dans le quartier Mayfair (métro Bond Street) – matin et soir, été comme hiver - une sacrée trotte !
Il y allait en jogging et avait 2 costumes et souliers en place au bureau pour le travail ; costumes qu’il rangeait dans le local de la femme de ménage.
Il ne prenait le métro que dans des cas très extrêmes.

a la question "peut-on se servir d'une Street Twin comme machine de commuting urbain", je répondrai: "oui, évidemment et quel plaisir, mais au prix d'une petite perte de comfort et d'un peu de frustration"

Certaines personnes commutent en scooter pour le travail (en particulier dans les grandes métropoles) et ne réservent la moto que pour le plaisir, lassées par certains inconvénients dus à la densité de traffic sur des parcours qu’ils jugent trop longs.
C’est une autre manière de voir les choses, et ça a un coût supplémentaire bien évidemment.
La moto, même étant agréable, finit par devenir épuisante au quotidien en milieu urbain très dense – tension nerveuse due à la concentration continue – en particulier lorsque l’on commence à prendre de l’âge.

L'appartenance a une communauté

Il est vrai que le salut motard lorsque l’on se croise, c’est bien sympa ; on se sent du coup moins seul sur le bitume, moins isolé parmi les voitures.
En particulier lorsque le temps est mauvais – froid et/ou pluvieux – où on se dit qu’on est pas le seul à braver les éléments.

Un temps de préparation accru
Pantalon étanche, bottes, chaines, couverture ... La ou je n'avais qu'a enfourcher mon vespa, il me faut desormais compter plusieurs minutes avant de monter sur la ST. Pas de rangement nous plus évidemment, il faut donc s'équiper d'un sac a dos.

Le temps de préparation, c’est un facteur à intégrer, mais on s’en accommode avec l’habitude.
Un top-case ou un sac de selle (à enlever quotidiennement) est une bonne alternative au sac à dos (que je n’aime pas) ; ou le sac à dos fixé à la selle par un filet araignée est très bien et pratique à mettre en place et enlever.

Le besoin d'une sécurité renforcée et les dégradations urbaines
C'est probablement ma plus grosse déception

Le gros problème de garer sa moto dans la rue… personnellement, pas de parking d’immeuble couvert ou pas de box, pour moi, pas de moto.
Dans Panam ou ailleurs, je louais un box. Mais j’avoue qu’il est pénible de retrouver son véhicule dégradé ou disparu.
Des types imbibés d’alcool, des désoeuvrés jeunes ou vieux, la nuit qui vandalisent tout sur leur passage, ça devient hélas monnaie courante ; et pas que dans les grandes métropoles – quartier huppés ou non ; c’est la société qui évolue dans ce (bien mauvais) sens.
Pas étonnant qu’on assiste de plus en plus à des résidences complètement clôturées avec postes de gardes où l’individu lambda ne peut pas y accéder sans autorisation des résidents.

Si sa polyvalence lui permet d'etre utilisée a contre-emploi, il est vraiment frustrant de rester a bas régime et a faible vitesse, en jouant de l'embrayage tous les 10 metres. Disons pour rester positif que cela permet d'apprécier d'autant plus les escapades hors de Londres le weekend !

Comme le dit KrysDag, il ne faut pas hésiter quand cela est possible (en ballade le we), de monter très haut en régime afin que le moteur puisse respirer à pleins poumons – bien tirer sur les rapports.
Ca « décrasse » car en ville à chaque accélération le mélange est très (trop) riche et les résidus imbrûlés ne sont pas complètement éliminés ;  ça permet également aux pièces du moteur de se mettre en place (prendre leurs jeux mécaniques)  à haut RPM.
Certains (débutants) sont réticents à le faire, inquiétés par le bruit du moteur à régime élevé qui ne leur est pas habituel.
Aucun risque, la ST à son rupteur à un régime que tu atteindras difficilement (~7000 RPM).

Son moteur de Bonneville a été éprouvé depuis des décennies  ;  la cylindrée est importante, il n’a pas une puissance démentielle,  il ne tourne pas vite comme les roadsters sportifs – ~2 fois moins.

Il est de type que je qualifierais d’increvable.

Déjà en roulant au couple maxi, le moteur dépasse à peine la moitié du régime de rotation maxi recommandé (~3200 vs 6000 RPM).

BD

ll ne faut pas confondre le moteur des Bonnie à air et les nouvelles à refroidissement liquide.

Les nouvelles normes anti-pollution étant drastiques, les constructeurs font fonctionner les moteurs avec un mélange air / essence le plus pauvre possible en carburant, le problème c'est que cela fait chauffer les moteurs surtout en ville.

C'est en parti pour cela que nos motos sont à refroidissement liquide, dans une moindre mesure les ailettes des cylindres aident également à la dissipation de la chaleur.

Je ne pense pas que le moteur des nouvelles sont aussi "costaud" sur le long terme que les anciennes à refroidissement par air, mais j'espère me tromper !

A suivre concernant le vieillissement... hier la bécane chauffait en 1ère et 2ème en balade dans Toulouse ... et ce à 12 degrés extérieur ... bref ... quid des sondés lambdas à shunter voire du booster plug ... topic dans une autre rubrique mais bon ... des fois ça me fait flipper que ça chauffe autant

Pour répondre au sujet : je l’utilise en dayly par tous temps pour aller chez « grobus » (rires) rocade, bouchons, équipements à mettre enlever (sur pantalon etc etc ) mais ça ne me gêne pas ... j’ai plusieurs paires de shoes habillées et une veste qui restent à demeure au taf épicétou et je l’aime de plussss en plusss ma st.

J’avais des réticences en duo mais ces derniers jours en balade à 2 beh ça le fait ... faut juste la jouer plus cool et ne pas rechercher les mêmes sensations que seul

Tout est faisable donc.

Les mélanges sont réglés plus "pauvres" mais à l'accélération, on est toujours plus riche que le mélange idéal.

Par contre, il faut bien savoir ce que signifie un moteur qui "chauffe".
En ville à faible allure ça me semble normal - en particulier avec le catalyseur - mais ce n'est pas pour autant que c'est anormal dans le cycle de vie du moteur.

Le refroidissement liquide, c'est davantage un élément de technologie moderne que l'on a su adapter avec un volume particulièrement réduit sur cette ST.

Honnêtement, avec 2 cylindres, 900cc à 55 cv, et RPM moyen d'utilisation situé entre 2500 et 4200 pour un maxi préconisé à 6000 et un rupteur situé à 7000, pour moi ce moteur subit peu de contraintes mécaniques violentes ; je ne me fais donc aucun souci sur sa longévité.


BD