De la bonne utilisation du frein arrière

Eric33 a écrit:
Marrant, j'ai acheté ma ST d'occasion cet été à 9500 kms et le pneu d'avant était roulable mais déjà bien usé
Et 4000 kms plus tard, il est quasiment dans le même état  
On n'a pas tous la même conduite et je dois adopter la papy attitude

Je soupçonne plutôt un (mauvais) réflexe de ma part qui est de freiner autant de l'arrière que de l'avant, héritage d'une bonne gamelle prise il y a presque 40 ans (ah oui quand même ) après avoir bloqué la roue avant sur le mouillé.
Du coup, le freinage 'faiblard' de l'avant de la ST ne m'a jamais gêné  

Je reprends ce qui a été dit dans un autre topic (celui du remplacement des pneus d'origine) pour revenir sur un élément de conduite qui me semble important.

Je ne pense pas que l’utilisation simultanée du frein avant et arrière soit une mauvaise chose. Bien au contraire.

Le frein arrière, même s'il n’est pas d’une super efficacité sur la plupart des motos, permet tout de même au moins de ralentir plus ou moins efficacement et donc de participer activement à l’arrêt si nécessaire.

A force de le négliger en utilisation courante, on finit par l’oublier, donc de ne plus savoir l’utiliser, de ne plus savoir comment l’utiliser efficacement.
Et côté sécurité, c’est une catastrophe ! Et qui sait si en matière de conduite motocycliste la sécurité est importante.

En ce qui me concerne, lorsqu’il faut ralentir en premier lieu – stop, feu orange/rouge, intersection, rond-point etc… j’actionne par réflexe la pédale de frein arrière (et parfois fortement) ; si ça ne suffit pas j’ajoute l’action sur le frein avant, éventuellement pour marquer un arrêt.

Parfois, c’est l’action immédiate et simultanée sur les 2 freins qui se révèle nécessaire – j’arrive trop vite, j’ai une mauvaise intuition sur une intersection, un passage clouté etc…
En tous cas, je ne le néglige jamais, ce frein arrière.

Il m’arrive, lorsqu’il n’y a personne derrière moi, en vitesse sur route en virage, d’effectuer un freinage appuyé mais progressif sur l’arrière seul, histoire de toujours sentir et enregistrer musculairement les différents efforts à exercer et leurs effets sur le comportement de la machine.

En effet, s’il est facile de mémoriser les efforts musculaires de la main sur le frein avant, il en est tout autre concernant la sensibilité musculaire de la jambe par manque de pratique.
Mains (bras) et pieds (jambes) n’ayant pas les mêmes fonctions anatomiques, leurs sensibilités sont par conséquent très différentes.
Il n'y a que l'entraînement ou la pratique régulière qui permet le dosage correct.
Exemple : Vous conduisez tous une voiture ; vous avez l'habitude de doser le freinage avec la jambe droite par pratique ; essayer un jour de doser le freinage avec la jambe gauche...  

Utiliser correctement le freinage disponible de sa machine fait la différence entre collision ou non en cas de freinage dit d’urgence – mais encore faut-il utiliser les dispositifs mis à disposition de manière efficace.

BD

Hello,

Merci pour ce rappel bien utile. Je ne sais pas comment se passe la formation à la sécurité routière en France. Moi j'ai appris à me servir du frein moteur en premier comme ralentisseur, puis du frein arrière et le frein avant ne me sert "que" pour affiner et terminer un freinage de précision et en cas de freinage d'urgence, bien sur !

Si je me souviens bien, c’est ce qui est enseigné en moto école...

En moto-école je me souviens bien de ce passage (j'avais fait un stage intensif de 10 jours et tous les stagiaires passaient le permis dans la semaine qui suivait) :

1980
Moniteur : Quels sont les moyens permettant de freiner ?
Stagiaires divers : Le frein avant... le frein arrière... le frein moteur !
Moniteur : Frein avant, oui - frein arrière, oui - frein moteur, non !
...
Moniteur : Par frein on signifie un dispositif permettant le ralentissement du véhicule avec pour but l'arrêt complet.
Le frein moteur, ce que vous appelez frein moteur, ne permet en aucun cas l'arrêt du véhicule, donc ne le considérez pas comme un dispositif de freinage.
De plus, vous allez voir que sa mauvaise utilisation peut être piégeante, donc dangereuse !

Effectivement, en rétrogradant avant ou après freinage dans le but de ralentir avant d'arriver sur un "obstacle" (dans le sens très général du terme), l'effet mécanique immédiat est un ralentissement du véhicule.
L'anti-dribble de la ST est très efficace et il m'arrive régulièrement de rétrograder sans toucher au frein arrière initialement en fonction de ma vitesse, du régime moteur etc... juste une question de feeling.

Ce que signifiait le moniteur lorsqu'il parlait de l'effet piégeant du rétrogradage "non maîtrisé" est qu'il peut conduire au blocage de la roue arrière - il faut dire que dans les années 80, l'anti-dribble était presqu'un néologisme... peu de motards connaissaient ce dispositif.

Moniteur : Lorsque que vous rétrogradez, c'est dans le but principal de passer sur un rapport inférieur afin de disposer d'une bonne reprise en cas de besoin.

L'effet bénéfique est un ralentissement car on ne rétrograde pas sans raison - on cherche à diminuer sa vitesse (associé à un freinage ou non) afin d'aborder un obstacle sans avoir pour but d'effectuer un arrêt complet et pouvoir disposer de puissance pour ré-accélérer.

De ma formation initiale, j'ai gardé l'habitude de donner un coup de gaz avant d'embrayer suite à rétrogradage fin d'éviter un éventuel effet de ralentissement brutal du "frein moteur".


BD

N'ayant jamais la main sur le levier de frein, la première chose que je fais sur un freinage, c'est prendre la pédale du frein arrière.

L'intérêt de jouer du frein arrière, hormis bien sûr le fait de participer (un peu) au ralentissement, c'est aussi de limiter le transfert de masse sur l'avant sur les freinages, et donc le verrouillage la direction.

Quand je pense à mes premières années en gros cube où je n'utilisais jamais le frein arrière pensant que ça ne servait à rien alors qu'avec l'expérience, c'est devenu un réflexe.

Sur la ST, je m'aperçois que l'on peut appuyer (très) fort sur la pédale du frein arrière, et le ralentissement n'est pas si mal que ça.

A la différence de la plupart d'entre vous ici, je n'ai pas connu de machines récentes à performances de freinage élevées - il y a eu de sacrés progrès depuis le début des années 90 lorsque j'avais arrêté - donc, inconsciemment, j'anticipe mes freinages.

C'est sûr, la ST manque de "mordant" comparé aux standards actuels de performance en freinage. Mais bon... je fais avec, comme au bon vieux temps.  

Enfin, tout ça pour vous rappeler (pour certains) : Ne négligez pas le frein arrière ! Habituez-vous à l'utiliser !
Car il se pourrait bien qu'un jour, il vous évitera de vous retrouver dans une situation (très) embarrassante.

REM : Réduire au maximum le transfert de masse vers l'avant est un facteur important car il permet au conducteur une meilleure dispersion d'attention, donc une meilleure perception de l'environnement, donc une meilleure prise de décision (c'est ce qu'on appelle en aviation le Situational Awareness très enseigné en facteurs humains où toute contrainte physique conduit à une dégradation des facultés mentales)


BD

Bonsoir à tous,
Donc, j'ai tout bon alors  
Je suis comme toi BD, la ST est ma première moto 'moderne' depuis bien longtemps et je pensais que la présence de l'ABS favorisait plutôt l'usage du frein avant.
J'ai eu une Guzzi à une époque avec freinage intégral : la pédale de frein actionnait un disque avant et le frein arrière, c'était top.
Mais j'ai cru comprendre que même Guzzi avait abandonné le système. Dommage

Les BMW en sont équipées, c’est vrai que c’est super.

Oui, pour moi, tu utilises comme il se doit les éléments de sécurité mis à ta disposition sur ton véhicule.

A mon époque du permis, on nous apprenait à freiner toujours des 2 freins à la fois.
Le frein à tambour existait toujours sur l'arrière. Le frein à disque à l'avant avait ses limites. Globalement les performances de freinage demandaient de l'anticipation de la part du pilote.

La technologie a fait qu'à présent en comparaison, le freinage avant est devenu très efficace et facile à utiliser (doser) qu'on en oublie (néglige) celui à l'arrière, et c'est bien dommage.

Le freinage intégral chez Guzzi est un truc qui ne m'aurait pas plu dans la mesure où il empêche le pilote de doser ses freins de manière indépendante.
Par contre il aurait été intéressant de savoir comment le constructeur avait défini les lois de freinage i.e pourcentage AV-AR en fonction de la pression sur les commandes, la vitesse etc...


BD

BeDeviller a écrit:Le freinage intégral chez Guzzi est un truc qui ne m'aurait pas plu dans la mesure où il empêche le pilote de doser ses freins de manière indépendante.BD

Le freinage intégral des Guzzi est super efficace, une habitude à prendre pour le dosage, qui se prend vite, comme en parle Eric33. Mais ce système n'existe plus sur les générations récentes, probablement du fait de l'arrivée du système ABS chez Guzzi.

La façon de freiner a changé avec l'arrivée de l'ABS et certaines anciennes méthodes sont maintenant obsolètes.

Il faut bien plus d'anticipation, d'adaptation de la distance et de la vitesse. C'est toujours surprenant de se retrouver sans freinage du fait de l'activation de l'ABS que cela soit du frein avant ou du frein arrière, voir des deux. Et là ben c'est le moment de solitude, le freinage à la semelle ou prendre plus de l'angle en relâchant les freins

L'arrivée des centrales inertielles va également apporter un plus en terme de freinage sur l'angle, et donc l'abandon encore une fois de certaines habitudes ou techniques.

++