Une Bonneville Speedmaster pour un rodage et des ripailles aéronautiques
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titi
Freuxeu
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Une Bonneville Speedmaster pour un rodage et des ripailles aéronautiques
[ Petit carnet de voyage sur six jours (six épisodes)]
Jeudi ...
Allo Agnès. Je suis dans le métro, je rentre de chez mon kiné. Tu es chez toi ? Non dans le métro. Avec le bruit on s'entend à peine.
Je venais de réaliser que mon téléphone était en mode vibreur depuis plus de 15 jours. Je l’avais mis le mode silencieux pour assister à une représentation annuelle de la chorale où chante ma femme. Je me disais aussi, c’est bizarre, tous les appels que je loupe ces derniers temps… tu m’étonne, n’ayant quasiment jamais mon téléphone sur moi, en mode vibreur, je ne risquais pas de l’entendre. Par chance, sur le coup, il était dans ma veste au niveau de la poitrine et je l’ai senti vibrer. Du coup je l’ai remis sur sonnerie, ça peut des fois servir.
Ma sœur devait me rappeler, avant que je parte, afin de savoir si je pouvais faire une étape chez elle à Lyon, car elle devait faire, la semaine juste avant mon arrivée, une petite croisière à la voile en méditerranée, et comme la voile dépend de la météo, elle n’était pas certaine d’être présente le jeudi soir et j’avais prévu un plan B avec l’organisateur, pour le couchage, au cas où ma sœur ne serait pas chez elle le jour J. Elle me rassure, je lui réexplique le principe des ripailles aéronautique, un RDV pour s’envoyer en l’air en avion et qui se termine le soir par un joyeux BBQ à l’aéroclub de Morestel. Sortie organisée par un membre d’un forum de motards, qui est aussi pilote… Forum par ailleurs très vivant sur lequel je vais régulièrement, car j’avais avant ma Triumph, une BMW R1200 RS. Pour faire court : ce forum rassemble des motards qui roulent sur des flat-twin (mais pas que). Donc, disais-je : on papote et soudain je réalise que le métro redémarre dans l’autre sens. Je n’avais pas réalisé, que j’étais seul dans le wagon sur la voie de triage du terminus et que le métro repartait direction Paris.
L’organisateur nous avait annoncé dès le mois de mars, qu’il organisait les 5ème ripailles aéronautiques. Cela faisait à peine quinze jours que je n’avais plus mon atèle suite à ma fracture d’épaule. Ma Triumph, me serait livré en juin et mon épaule devrait aller mieux en juillet. Ce serait parfait pour un petit rodage de ma nouvelle Triumph. Mais quand la veille du départ, le radiologiste me dit que mon épaule reste encore à consolider, il a vu dans mon regard un grand étonnement. Mais vous verrait cela avec le Dr Colas (ma chirurgienne), préférant se défiler et laisser le verdict à sa consœur. Ma chirurgienne (la sœur jumelle d’Adriana Karembeu) et la première chirurgienne que j’ai plaisir à voir, mais je dois faire gaffe à chaque rendez-vous, à ne pas avoir la tête du clébard qui bave devant son os à ronger, mais je m’égare. Donc disais-je, ma chirurgienne, en voyant la radio, se tourne vers moi avec un grand sourire. Mais c’est parfait cette épaule, et pour la consolidation ? A votre âge, cela prend toujours un peu de temps. Ah, vous me rassurer, car je pars demain pour 6 jours de moto. Je m’attendais à ce qu’elle dise : mais ce n’est pas raisonnable, il faut attendre un peu Mr Fromenty. Petit silence, aucune réflexion de sa part, qui ne dit mots consent, dit ma petite voix. Une angoisse de moins à gérer.
Ma journée du départ était simple niveau planning. Kiné à 8h00, retour à pieds sur 5 km, puis métro pour ne pas y passer 2 heures pour revenir chez moi, check-list, dernier bouclage des bagages, préparation du sandwich, sortir les bouteilles d’eau du frigo, enfilage de pantalon, veste, airbag, parachute, je déconne, rien oublié, je suis chargé comme une mule… Ma femme me propose de m’accompagner pour porter une partie de mon barda, c’est pas de refus.
Mon sac de selle, que j’avais prévu de mettre au départ sur le porte bagage du Sissy bar, fait 11 kg (bien plus lourd que je j’avais imaginé) et 3 kg de plus que la charge maximale prévu sur le porte bagage, bon je sais bien qu’il y a toujours la marge du constructeur, mais finalement il atterrira sur la selle passager, tout compte fait cela va recentrer la charge et ce n’est pas plus mal.
Reste à négocier la rampe de lancement en forme d’équerre, (Les box de mon immeuble sont en sous-sol) avec une nouvelle moto chargée, que je découvre, pas très agile à basse vitesse, à cause de son gros pneu à l’avant, et surtout, une absence de pratique depuis plus de six mois. Pour faire court : Je n’ai jamais aimé cette rampe d’accès dans le sens de la montée, alors que dans le sens de la descente, cela ne m’a jamais posé la moindre appréhension. Je suis enfin sortie de l’immeuble, la trajectoire dans la rampe, n’était pas très propre, mais je ne me suis pas gaufré, c’était l’essentiel.
Le plus dure était fait, enfin l’air libre, le voyage allait pouvoir commencer avec ma nouvelle mob. Ouverture du TRIPY (Un GPS d’avant la première guerre mondiale pour ceux qui ne connaissent pas). Trois plombes pour acquérir les satellites, on peut fumer un gros cigare pendant ce temps-là. Pas grave, j’suis pas pressé, je suis retraité.
Enfin, j’ai l’acquisition. Allez, roule ma poule pour une première étape sur Nevers, soit 257 km en prenant les petites départementales. Heure prévu du départ 11h00, je pars à 11h15, je suis dans les temps.
Sortir de la région parisienne, c’est se bouffer des feux, des ronds-points à n’en plus finir, on se fait vite chier et comme dab, je finis par lui parler à ma nouvelle mob. Guffy, va falloir être prévenante avec moi, j’ai beau être un « jeune » puceau, ce n’est pas une raison d’en profiter, faut être douce et gentille… Broooaaaa, me répond-t-elle de sa douce voix sortant de ses jolis pots chromés, alors que je venais à peine de là chatouiller à l’accélérateur pour m’extraire en premier sur un feu passant au vert. Pourquoi, je l’ai baptisé Guffy ? En pensant à Guffy Palmer, la femme plantureuse dans Blueberry. Et comme ma plaque numérologique commence par GP, c’était pilepoil les initiales pour Guffy Palmer.
Comment ça tu me trouve grosse ! Merde, Guffy lit dans mes pensées, faut que je fasse gaffe, penser tout bas, mais vraiment bas.
A chaque démarrage, toujours le même réflexe, je cherche les repose pieds, jamais eu des reposes pieds si en avant, plus rien à voir avec la position sur la RS et pourtant j’ai pris le kit pour les avoir rapprochés. Trouver de nouveau repère, peut faire perdre la concentration et ce n’est pas le moment, si je loupe la bretelle de la N104, je suis bon pour un beau jardinage. La N104 me permet de rejoindre l’A5 pour 40 km : la seule portion à 4 voie, que j’emprunterai sur tout le voyage, elle me permettra de sortir de la région Parisienne le plus vite possible. La sortie 18 direction Montereau, sera la délivrance.
Mais avant de s’élancer sur les petite départementales, je fais une pause ravitaillement essence, car j’ai oublié de vous dire, question contenance pour le carburant, on fait dans le limité sur ce genre de moto. 12 litre et pas une goutte de plus, ce sera avec l’usage, 180 km avant la réserve, chose que je n’ai pas voulu expérimenté. Heureusement que madame n’est pas très gourmande, j’étais sur du 4,8 litre au cent, mais les stations-services sur mon parcours était notées avec un gros marqueur rouge. Je fais le complément pour avoir le plein, et à peine avais-je terminé, qu’une bourgeoise, super bien gaulée, qui avait sur elle, l’équivalent de mon salaire mensuel, mais ça c’était avant, la bourgeoise, vient me voir pour me demander de l’aide. Mais bien sûr, que puis-je faire pour vous ? Mon pistolet est bloqué dans l’orifice de mon réservoir et là, ma petite voix me dit : surtout garde ton sérieux. Garde ton flegme et prend l’air d’un gentleman. Damned, elle est accompagné d’un jeune pré-ados, c’est râpé pour la séance de drague (juste pour s’amuser). Ils sont vraiment débiles chez Audi, en effet le pistolet était bien coincé dans le trou du réservoir, même pas 1 millimètre de jeux, que dalle. Je tire de toute mes forces, Nada. Sur le coup je sens bien mon épaule, la douleur s’est réveillée, je prends le tuyau de toutes mes forces à 2 mains et tire comme un forcené, le pistolet se décroche enfin, manquant de me faire tomber par terre. La blonde me remercie avec un grand sourire (ah oui, j’avais oublié de vous le préciser, elle était blonde), mais bordel, elle aurait pu laisser son fils chez elle, j’aurai pu entamer la conversation… calme toi me dit ma petite voix, tes vieux, t’as vu à quoi tu ressembles… Oui, mais j’ai une belle moto. Une belle mob, certes, mais t’es vraiment très con. Heureux quand même d’avoir accompli ma BA du jour, ça marque d’avoir été scout dans son jeune âge, même si pour ma part, j’y suis pas resté bien longtemps.
Je retourne à ma moto et que vois-je : la vis qui bloque mon U s’est fait la malle. Ah bravo, t’as dû oublier de la serrer, ou alors c’est les vibrations de la moto qui ont eu raison de lui. Mais quand même dit ma petite voix, c’est une Triumph, pas une Harley.
J’enquille la D103, qui restera mon amie jusqu’au château de Vallery. En voyant le château, je me dis, si ça trouve, c’est la résidence secondaire de ma bourgeoise.
Il fait pas trop chaud, je roule sur un petit 90, voire un peu moins si l’état de la route n’est plus un billard, car la Triumph Bonneville Speedmaster à beau être confortable pour ce type de moto, on est très loin d’une GS, mais ça, inutile de le préciser. La position insiste plus à flâner qu’à rouler vite, et finalement : j’adore. Pour une moto en rodage, je trouve les accélérations très honnêtes, même si cela n’as plus rien à voir avec la RS, mais c’est pas la même puissance et ça me permet aussi de diviser mon assurance par 2, avec la différence, je pourrai voyager, quand on a une petite retraite, c’est le genre de chose que l’on regarde de plus près. Mais ce que je préfère, c’est le couple en bas, le côté tracteur du moteur, avec les paf…paf… paf… à la décélération. Bref, c’est un autre monde que je découvre, la bouche béate comme le jeune puceau en voyant sa première chatte. Guffy, si tu m’entends, bouche toi les pots d’échappement.
A saint Martin d’Ordon, je bifurque sur la droite pour rejoindre la D18. Je passe sur l’autoroute du Soleil, qui porte bien son nom aujourd’hui, que je laisse vite derrière moi. Je commence à avoir soif mais faim aussi. Je décide de faire ma première vraie pause pour un casse-croute sur le parvis-parking de l’Eglise du village de Piffonds.
Comme toujours dans tous les villages de France, personne à l’extérieur, seule une femme à décider de bricoler sa porte d’entrée au moment où je déguste le sublime sandwich au pain Poilâne que je me suis préparé avec amour 2 heures auparavant (on n’est jamais mieux servis que par soit même) Sur le parking, une voiturede Kéké de rallye est stationnée, une voiture comme on en voit qu’en province.
Je fume un cigarillos, (après 5 mois de sevrage, c’est ballot) mais ça me fait du bien, je bois l’équivalent d’une pinte en eau, mais j’ai prévu large question eau, ma pause aura durée dans les 40 minutes, il est temps de repartir.
Je passe par Charny, la seule petite ville que je connais dans le coin, car des amis ont une maison de campagne à quelques km de là, et le BBQ annuel chez eux est devenu une tradition.
Enfin un camping-car qui se traine sur la route (humour). Impossible de le doubler, aucune visibilité, je ronge mon frein et patiente. Ouf, pas trop longtemps, il bifurque à un croisement et me permet de retrouver ma vitesse de croisière. Un peu plus tard, ce sera le tour d’un tracteur avec sa grosse remorque, mais celui-ci me voit, il se décale sur le bas côté, et bien que la départementale ne soit pas bien large, j’ai juste de quoi le doubler, frôlant ces énormes roues, mais ça passe et je peux enfin prendre l’air.
Je commence à avoir soif et je tombe sur un petit bistrot de village. Je m’installe en terrasse, à l’ombre et commande un demi-panaché. La jeune tenancière me sert rapidement, à côté de moi, quatre tamalous discutent rhumatismes. Cela fait 10 minutes que je suis là et 2 autres vieux (quand je dis vieux, c’est qu’ils sont plus vieux que moi : on est toujours le vieux d’un plus jeune que soi) viennent pour prendre un verre et la tenancière leur dit qu’elle va fermer. Il est à peine 14h00, je suis surpris et me dis qu’a un quart-d’heure près, mon demi-panaché me passait sous le nez. Je réalise que j’ai envie de pisser quand je la vois baisser le rideau de l’entrée du Bar. Heureusement elle apparait à la fenêtre qui est ouverte et j’en profite pour lui demander si elle me permettrait d’utiliser ces toilettes. Ce qu’elle fait en m’ouvrant gentiment le rideau, afin que je puisse me soulager. Il se trouve qu’à à l’intérieur, il y avait du monde, vraisemblablement des amis, et ils voulaient très certainement terminer la journée entre eux. Je quitte les lieux en la remerciant.
A la Charité sur Loire, je traverse La Loire et prend la D45 qui longe le fleuve. Les bords de La Loire, c’est toujours aussi beau. J’aperçois une Gabare fluviale, je fais une halte pour prendre une photo.
J’arrive à Nervers peu après 17h00, ou j’avais réservé une chambre à l’espace Bernadette Soubirou.
J’avais découvert cette adresse l’année dernière où l’on descendait dans le sud avec ma femme , mais en voiture et c’était l’hostellerie la moins chère de la ville. Ce n’est pas chère, mais les toilettes et les douche ne sont pas dans les chambres, je devrais dire cellule, car c’était à l’origine d’Anciennes cellules de moniales. Le petit plus. Ma moto sera garée dans un espace fermé, c’est déjà ça.
A l’accueil des touristes espagnols trouvent le prix des chambres trop chères… A l’heure actuel, ils doivent encore chercher. L’année dernière, ont avait mangé dehors au resto, cette année, je voulais essayer la restauration sur place. Fatale erreur, le plat principal était plus du niveau d’une mauvaise cantine scolaire, un véritable étouffe chrétiens et si je devais me comparer au cuisinier du couvent, j’aurai déjà plusieurs étoiles au guide Michelin.
La serveuse - Vous avez terminé ? La petite salade en entrée, avait eu peine à me remplir l’estomac, je me suis forcé à manger le tiers du plat (très copieux en quantité) mais j’avais ma dose, d’absence de goût évidement. Oui, répondais-je - mais je n’ai plus l’habitude de manger autant. Pour une fois, je n’ai pas menti, mais je n’allais pas non plus féliciter le cuisinier.
Pour se rattraper, le petit vin blanc était pas cher mais gouleyant à souhait. Ça m’a aidé à faire passer le plat de résistance, qui pour le coup à fait résistance.
L’autre inconvénient, qu’on avait pas perçu avec ma femme, car nous n’étions pas très nombreux ce jour-là, alors que le lieu est immense, c’est les cloisons qui séparent les chambres aussi fines que du papier japonais. Je m’en suis amèrement aperçu, vers 1h30 du matin, ou je fus réveillé par le téléphone de la femme qui créchait à coté de ma chambre. Dans mon rêve, je fus très perturbé car je ne me souvenais pas avoir changé ma sonnerie de téléphone, mais ce n’était pas un rêve, c’était bien le téléphone d’à côté qui sonnait à n‘en plus finir. J’ai pu suivre ainsi toute la conversation, car elle parlait fort comme en plein jour, et j’ai eu peur que le coup de fil ne durât une demi-heure. Heureusement il fut relativement bref, mais à cause de cette « censurer », j’ai mis une plombe avant de me rendormir.
Qui dit espace Soubirou, dit Bernadette (j’en vois qui dorme au fond de la classe). Dans la chapelle de cet ancien couvent, elle repose toujours en paix dans une châsse de verre et de bronze. Elle n’aimait être photographier de son vivant, mais qu’elle me pardonne, j’ai pas pu m’en empêcher. Et pis, elle doit s’en foutre, puisqu’ il paraitrait qu’elle serait au ciel, comme toute bonne Sainte qui se respecte.
Amen.
A suivre...
***
Jeudi ...
Allo Agnès. Je suis dans le métro, je rentre de chez mon kiné. Tu es chez toi ? Non dans le métro. Avec le bruit on s'entend à peine.
Je venais de réaliser que mon téléphone était en mode vibreur depuis plus de 15 jours. Je l’avais mis le mode silencieux pour assister à une représentation annuelle de la chorale où chante ma femme. Je me disais aussi, c’est bizarre, tous les appels que je loupe ces derniers temps… tu m’étonne, n’ayant quasiment jamais mon téléphone sur moi, en mode vibreur, je ne risquais pas de l’entendre. Par chance, sur le coup, il était dans ma veste au niveau de la poitrine et je l’ai senti vibrer. Du coup je l’ai remis sur sonnerie, ça peut des fois servir.
Ma sœur devait me rappeler, avant que je parte, afin de savoir si je pouvais faire une étape chez elle à Lyon, car elle devait faire, la semaine juste avant mon arrivée, une petite croisière à la voile en méditerranée, et comme la voile dépend de la météo, elle n’était pas certaine d’être présente le jeudi soir et j’avais prévu un plan B avec l’organisateur, pour le couchage, au cas où ma sœur ne serait pas chez elle le jour J. Elle me rassure, je lui réexplique le principe des ripailles aéronautique, un RDV pour s’envoyer en l’air en avion et qui se termine le soir par un joyeux BBQ à l’aéroclub de Morestel. Sortie organisée par un membre d’un forum de motards, qui est aussi pilote… Forum par ailleurs très vivant sur lequel je vais régulièrement, car j’avais avant ma Triumph, une BMW R1200 RS. Pour faire court : ce forum rassemble des motards qui roulent sur des flat-twin (mais pas que). Donc, disais-je : on papote et soudain je réalise que le métro redémarre dans l’autre sens. Je n’avais pas réalisé, que j’étais seul dans le wagon sur la voie de triage du terminus et que le métro repartait direction Paris.
L’organisateur nous avait annoncé dès le mois de mars, qu’il organisait les 5ème ripailles aéronautiques. Cela faisait à peine quinze jours que je n’avais plus mon atèle suite à ma fracture d’épaule. Ma Triumph, me serait livré en juin et mon épaule devrait aller mieux en juillet. Ce serait parfait pour un petit rodage de ma nouvelle Triumph. Mais quand la veille du départ, le radiologiste me dit que mon épaule reste encore à consolider, il a vu dans mon regard un grand étonnement. Mais vous verrait cela avec le Dr Colas (ma chirurgienne), préférant se défiler et laisser le verdict à sa consœur. Ma chirurgienne (la sœur jumelle d’Adriana Karembeu) et la première chirurgienne que j’ai plaisir à voir, mais je dois faire gaffe à chaque rendez-vous, à ne pas avoir la tête du clébard qui bave devant son os à ronger, mais je m’égare. Donc disais-je, ma chirurgienne, en voyant la radio, se tourne vers moi avec un grand sourire. Mais c’est parfait cette épaule, et pour la consolidation ? A votre âge, cela prend toujours un peu de temps. Ah, vous me rassurer, car je pars demain pour 6 jours de moto. Je m’attendais à ce qu’elle dise : mais ce n’est pas raisonnable, il faut attendre un peu Mr Fromenty. Petit silence, aucune réflexion de sa part, qui ne dit mots consent, dit ma petite voix. Une angoisse de moins à gérer.
Ma journée du départ était simple niveau planning. Kiné à 8h00, retour à pieds sur 5 km, puis métro pour ne pas y passer 2 heures pour revenir chez moi, check-list, dernier bouclage des bagages, préparation du sandwich, sortir les bouteilles d’eau du frigo, enfilage de pantalon, veste, airbag, parachute, je déconne, rien oublié, je suis chargé comme une mule… Ma femme me propose de m’accompagner pour porter une partie de mon barda, c’est pas de refus.
Mon sac de selle, que j’avais prévu de mettre au départ sur le porte bagage du Sissy bar, fait 11 kg (bien plus lourd que je j’avais imaginé) et 3 kg de plus que la charge maximale prévu sur le porte bagage, bon je sais bien qu’il y a toujours la marge du constructeur, mais finalement il atterrira sur la selle passager, tout compte fait cela va recentrer la charge et ce n’est pas plus mal.
Reste à négocier la rampe de lancement en forme d’équerre, (Les box de mon immeuble sont en sous-sol) avec une nouvelle moto chargée, que je découvre, pas très agile à basse vitesse, à cause de son gros pneu à l’avant, et surtout, une absence de pratique depuis plus de six mois. Pour faire court : Je n’ai jamais aimé cette rampe d’accès dans le sens de la montée, alors que dans le sens de la descente, cela ne m’a jamais posé la moindre appréhension. Je suis enfin sortie de l’immeuble, la trajectoire dans la rampe, n’était pas très propre, mais je ne me suis pas gaufré, c’était l’essentiel.
Le plus dure était fait, enfin l’air libre, le voyage allait pouvoir commencer avec ma nouvelle mob. Ouverture du TRIPY (Un GPS d’avant la première guerre mondiale pour ceux qui ne connaissent pas). Trois plombes pour acquérir les satellites, on peut fumer un gros cigare pendant ce temps-là. Pas grave, j’suis pas pressé, je suis retraité.
Enfin, j’ai l’acquisition. Allez, roule ma poule pour une première étape sur Nevers, soit 257 km en prenant les petites départementales. Heure prévu du départ 11h00, je pars à 11h15, je suis dans les temps.
Sortir de la région parisienne, c’est se bouffer des feux, des ronds-points à n’en plus finir, on se fait vite chier et comme dab, je finis par lui parler à ma nouvelle mob. Guffy, va falloir être prévenante avec moi, j’ai beau être un « jeune » puceau, ce n’est pas une raison d’en profiter, faut être douce et gentille… Broooaaaa, me répond-t-elle de sa douce voix sortant de ses jolis pots chromés, alors que je venais à peine de là chatouiller à l’accélérateur pour m’extraire en premier sur un feu passant au vert. Pourquoi, je l’ai baptisé Guffy ? En pensant à Guffy Palmer, la femme plantureuse dans Blueberry. Et comme ma plaque numérologique commence par GP, c’était pilepoil les initiales pour Guffy Palmer.
Comment ça tu me trouve grosse ! Merde, Guffy lit dans mes pensées, faut que je fasse gaffe, penser tout bas, mais vraiment bas.
A chaque démarrage, toujours le même réflexe, je cherche les repose pieds, jamais eu des reposes pieds si en avant, plus rien à voir avec la position sur la RS et pourtant j’ai pris le kit pour les avoir rapprochés. Trouver de nouveau repère, peut faire perdre la concentration et ce n’est pas le moment, si je loupe la bretelle de la N104, je suis bon pour un beau jardinage. La N104 me permet de rejoindre l’A5 pour 40 km : la seule portion à 4 voie, que j’emprunterai sur tout le voyage, elle me permettra de sortir de la région Parisienne le plus vite possible. La sortie 18 direction Montereau, sera la délivrance.
Mais avant de s’élancer sur les petite départementales, je fais une pause ravitaillement essence, car j’ai oublié de vous dire, question contenance pour le carburant, on fait dans le limité sur ce genre de moto. 12 litre et pas une goutte de plus, ce sera avec l’usage, 180 km avant la réserve, chose que je n’ai pas voulu expérimenté. Heureusement que madame n’est pas très gourmande, j’étais sur du 4,8 litre au cent, mais les stations-services sur mon parcours était notées avec un gros marqueur rouge. Je fais le complément pour avoir le plein, et à peine avais-je terminé, qu’une bourgeoise, super bien gaulée, qui avait sur elle, l’équivalent de mon salaire mensuel, mais ça c’était avant, la bourgeoise, vient me voir pour me demander de l’aide. Mais bien sûr, que puis-je faire pour vous ? Mon pistolet est bloqué dans l’orifice de mon réservoir et là, ma petite voix me dit : surtout garde ton sérieux. Garde ton flegme et prend l’air d’un gentleman. Damned, elle est accompagné d’un jeune pré-ados, c’est râpé pour la séance de drague (juste pour s’amuser). Ils sont vraiment débiles chez Audi, en effet le pistolet était bien coincé dans le trou du réservoir, même pas 1 millimètre de jeux, que dalle. Je tire de toute mes forces, Nada. Sur le coup je sens bien mon épaule, la douleur s’est réveillée, je prends le tuyau de toutes mes forces à 2 mains et tire comme un forcené, le pistolet se décroche enfin, manquant de me faire tomber par terre. La blonde me remercie avec un grand sourire (ah oui, j’avais oublié de vous le préciser, elle était blonde), mais bordel, elle aurait pu laisser son fils chez elle, j’aurai pu entamer la conversation… calme toi me dit ma petite voix, tes vieux, t’as vu à quoi tu ressembles… Oui, mais j’ai une belle moto. Une belle mob, certes, mais t’es vraiment très con. Heureux quand même d’avoir accompli ma BA du jour, ça marque d’avoir été scout dans son jeune âge, même si pour ma part, j’y suis pas resté bien longtemps.
Je retourne à ma moto et que vois-je : la vis qui bloque mon U s’est fait la malle. Ah bravo, t’as dû oublier de la serrer, ou alors c’est les vibrations de la moto qui ont eu raison de lui. Mais quand même dit ma petite voix, c’est une Triumph, pas une Harley.
J’enquille la D103, qui restera mon amie jusqu’au château de Vallery. En voyant le château, je me dis, si ça trouve, c’est la résidence secondaire de ma bourgeoise.
Il fait pas trop chaud, je roule sur un petit 90, voire un peu moins si l’état de la route n’est plus un billard, car la Triumph Bonneville Speedmaster à beau être confortable pour ce type de moto, on est très loin d’une GS, mais ça, inutile de le préciser. La position insiste plus à flâner qu’à rouler vite, et finalement : j’adore. Pour une moto en rodage, je trouve les accélérations très honnêtes, même si cela n’as plus rien à voir avec la RS, mais c’est pas la même puissance et ça me permet aussi de diviser mon assurance par 2, avec la différence, je pourrai voyager, quand on a une petite retraite, c’est le genre de chose que l’on regarde de plus près. Mais ce que je préfère, c’est le couple en bas, le côté tracteur du moteur, avec les paf…paf… paf… à la décélération. Bref, c’est un autre monde que je découvre, la bouche béate comme le jeune puceau en voyant sa première chatte. Guffy, si tu m’entends, bouche toi les pots d’échappement.
A saint Martin d’Ordon, je bifurque sur la droite pour rejoindre la D18. Je passe sur l’autoroute du Soleil, qui porte bien son nom aujourd’hui, que je laisse vite derrière moi. Je commence à avoir soif mais faim aussi. Je décide de faire ma première vraie pause pour un casse-croute sur le parvis-parking de l’Eglise du village de Piffonds.
Comme toujours dans tous les villages de France, personne à l’extérieur, seule une femme à décider de bricoler sa porte d’entrée au moment où je déguste le sublime sandwich au pain Poilâne que je me suis préparé avec amour 2 heures auparavant (on n’est jamais mieux servis que par soit même) Sur le parking, une voiture
Je fume un cigarillos, (après 5 mois de sevrage, c’est ballot) mais ça me fait du bien, je bois l’équivalent d’une pinte en eau, mais j’ai prévu large question eau, ma pause aura durée dans les 40 minutes, il est temps de repartir.
Je passe par Charny, la seule petite ville que je connais dans le coin, car des amis ont une maison de campagne à quelques km de là, et le BBQ annuel chez eux est devenu une tradition.
Enfin un camping-car qui se traine sur la route (humour). Impossible de le doubler, aucune visibilité, je ronge mon frein et patiente. Ouf, pas trop longtemps, il bifurque à un croisement et me permet de retrouver ma vitesse de croisière. Un peu plus tard, ce sera le tour d’un tracteur avec sa grosse remorque, mais celui-ci me voit, il se décale sur le bas côté, et bien que la départementale ne soit pas bien large, j’ai juste de quoi le doubler, frôlant ces énormes roues, mais ça passe et je peux enfin prendre l’air.
Je commence à avoir soif et je tombe sur un petit bistrot de village. Je m’installe en terrasse, à l’ombre et commande un demi-panaché. La jeune tenancière me sert rapidement, à côté de moi, quatre tamalous discutent rhumatismes. Cela fait 10 minutes que je suis là et 2 autres vieux (quand je dis vieux, c’est qu’ils sont plus vieux que moi : on est toujours le vieux d’un plus jeune que soi) viennent pour prendre un verre et la tenancière leur dit qu’elle va fermer. Il est à peine 14h00, je suis surpris et me dis qu’a un quart-d’heure près, mon demi-panaché me passait sous le nez. Je réalise que j’ai envie de pisser quand je la vois baisser le rideau de l’entrée du Bar. Heureusement elle apparait à la fenêtre qui est ouverte et j’en profite pour lui demander si elle me permettrait d’utiliser ces toilettes. Ce qu’elle fait en m’ouvrant gentiment le rideau, afin que je puisse me soulager. Il se trouve qu’à à l’intérieur, il y avait du monde, vraisemblablement des amis, et ils voulaient très certainement terminer la journée entre eux. Je quitte les lieux en la remerciant.
A la Charité sur Loire, je traverse La Loire et prend la D45 qui longe le fleuve. Les bords de La Loire, c’est toujours aussi beau. J’aperçois une Gabare fluviale, je fais une halte pour prendre une photo.
J’arrive à Nervers peu après 17h00, ou j’avais réservé une chambre à l’espace Bernadette Soubirou.
J’avais découvert cette adresse l’année dernière où l’on descendait dans le sud avec ma femme , mais en voiture et c’était l’hostellerie la moins chère de la ville. Ce n’est pas chère, mais les toilettes et les douche ne sont pas dans les chambres, je devrais dire cellule, car c’était à l’origine d’Anciennes cellules de moniales. Le petit plus. Ma moto sera garée dans un espace fermé, c’est déjà ça.
A l’accueil des touristes espagnols trouvent le prix des chambres trop chères… A l’heure actuel, ils doivent encore chercher. L’année dernière, ont avait mangé dehors au resto, cette année, je voulais essayer la restauration sur place. Fatale erreur, le plat principal était plus du niveau d’une mauvaise cantine scolaire, un véritable étouffe chrétiens et si je devais me comparer au cuisinier du couvent, j’aurai déjà plusieurs étoiles au guide Michelin.
La serveuse - Vous avez terminé ? La petite salade en entrée, avait eu peine à me remplir l’estomac, je me suis forcé à manger le tiers du plat (très copieux en quantité) mais j’avais ma dose, d’absence de goût évidement. Oui, répondais-je - mais je n’ai plus l’habitude de manger autant. Pour une fois, je n’ai pas menti, mais je n’allais pas non plus féliciter le cuisinier.
Pour se rattraper, le petit vin blanc était pas cher mais gouleyant à souhait. Ça m’a aidé à faire passer le plat de résistance, qui pour le coup à fait résistance.
L’autre inconvénient, qu’on avait pas perçu avec ma femme, car nous n’étions pas très nombreux ce jour-là, alors que le lieu est immense, c’est les cloisons qui séparent les chambres aussi fines que du papier japonais. Je m’en suis amèrement aperçu, vers 1h30 du matin, ou je fus réveillé par le téléphone de la femme qui créchait à coté de ma chambre. Dans mon rêve, je fus très perturbé car je ne me souvenais pas avoir changé ma sonnerie de téléphone, mais ce n’était pas un rêve, c’était bien le téléphone d’à côté qui sonnait à n‘en plus finir. J’ai pu suivre ainsi toute la conversation, car elle parlait fort comme en plein jour, et j’ai eu peur que le coup de fil ne durât une demi-heure. Heureusement il fut relativement bref, mais à cause de cette « censurer », j’ai mis une plombe avant de me rendormir.
Qui dit espace Soubirou, dit Bernadette (j’en vois qui dorme au fond de la classe). Dans la chapelle de cet ancien couvent, elle repose toujours en paix dans une châsse de verre et de bronze. Elle n’aimait être photographier de son vivant, mais qu’elle me pardonne, j’ai pas pu m’en empêcher. Et pis, elle doit s’en foutre, puisqu’ il paraitrait qu’elle serait au ciel, comme toute bonne Sainte qui se respecte.
Amen.
A suivre...
***
Dernière édition par Freuxeu le Jeu 14 Sep 2023 - 14:05, édité 5 fois
Freuxeu- Messages : 264
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titi- Messages : 224
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Re: Une Bonneville Speedmaster pour un rodage et des ripailles aéronautiques
Entourer les stations au feutre rouge sur le GPS, faudra que j’essaie
Au pire, tu peux mettre du Typex après…
Vivement le deuxième épisode
Au pire, tu peux mettre du Typex après…
Vivement le deuxième épisode
Microto- Admin
- Messages : 478
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Re: Une Bonneville Speedmaster pour un rodage et des ripailles aéronautiques
superbe CR ... on dirait un roman d'aventure
Davids40- Messages : 279
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Age : 50
Re: Une Bonneville Speedmaster pour un rodage et des ripailles aéronautiques
[quote="Microto"]Entourer les stations au feutre rouge sur le GPS, faudra que j’essaie
Au pire, tu peux mettre du Typex après…
Tu comprendras en lisant la suite (épisode 6)
Au pire, tu peux mettre du Typex après…
Tu comprendras en lisant la suite (épisode 6)
Dernière édition par Freuxeu le Mer 2 Aoû 2023 - 21:42, édité 1 fois
Freuxeu- Messages : 264
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Age : 64
Re: Une Bonneville Speedmaster pour un rodage et des ripailles aéronautiques
Bientôt la suite...
Dernière édition par Freuxeu le Lun 24 Juil 2023 - 10:05, édité 1 fois
Freuxeu- Messages : 264
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Age : 64
Re: Une Bonneville Speedmaster pour un rodage et des ripailles aéronautiques
[ Petit carnet de voyage sur six jours (six épisodes)]
Vendredi ...
Pour sortir, comment fait-on avec la barrière, nous sommes passé l’année dernière avec ma Femme, mais j’ai oublié… Vous vous présentez devant et elle s’ouvre automatiquement, me répond gentiment la dame de l’accueil. Ah… Ok ! Merci.
Le réveil fut douloureux, car ma nuit avait été un chouia écourté (voir le premier épisode). Je commence à ranger mes affaires et descend prendre mon petit déjeuner. Ce couvent (transformé en Hôtel) est très grand. De ma chambre à la salle à manger, c’est 300 mètres à pieds. Ça ouvre l’appétit. Le petit déj est de type : tradition française. Pain, beurre, confitures, miel, jus de fruit, café, thé. Mes œufs au bacon, mon jus de légume et mes noisettes, ne sont pas une alternative, ils attendront mon retour at home. Normal, je n’ai pas choisi un hôtel de luxe. Ce sera pain beurre et miel avec café + un petit jus de pomme bien frais, pour avaler mon médoc.
Le café est buvable, c’est déjà ça. J’émerge doucement de ma léthargie. Il est 8h30, est nous somme une vingtaine dans la salle, preuve que l’hostellerie est bien rempli. Retour dans la chambre pour terminer mes bagages, direction l’accueil, puis le parking. 900 mètres en tout chargé comme un baudet, ce qui a pour effet de réveiller la douleur à mon épaule droite, j’aurai préféré que cela réveille mes neurones, car je suis toujours dans le coaltar. Arrivée à la moto, il fait déjà chaud, je suis en nage.
La sortie du couvent sera un vrai sketch. Le radar qui ouvre la barrière, ne détecte pas ma moto. Il aurait peut-être fallu, pour que je sois visible avoir une grosse routière de type BMW RT ou Honda Goldwing, mais sur le coup je me dis que j’ai la moto de James Bond équipé de sa cape d’invisibilité. Je bouge la moto, me décale, rien ni fait, la barrière reste figée. L’interphone étant situé à l’extérieur (dans le sens des arrivées), je décide d’y aller à pied, quand une Citroën Partrner de couleur verdatre délavé arrive pour entrer. Ouf, sauvé par le gong, je vais enfin pouvoir sortir. Que nenni, le couple de la voiture n’arrive pas à ouvrir la barrière, visiblement, ils n’ont pas le bon code. Je commence à avoir chaud sous ma veste, car je suis en plein soleil. Arrive enfin, trois jeunes filles, habillé comme toutes les jeunes filles catho, petites robes plissées comme il se doit, qui elles connaissent le code d’entrée. Délivrance, la barrière s’ouvre. Mais le conducteur de la voiture me voyant devant la barrière, n’ose pas rentrer. Comme je suis à 15 mètres de celle-ci, je lui explique qu’il a largement la place de passer, et pour le rassurer, je recule sur quelques mètres, j’ai pas de chance, je suis tombé sur des vrais quiches. La voiture passe, enfin je peux sortir. Il est 9h50. Je suis libre.
Cela prouve une chose : il est plus facile d’entrer au couvent que d’en sortir.
La sortie de Never se fait sans encombre, la circulation est fluide, mon prochain WP n’est plus très loin, je dois tourner à gauche pour prendre la D13. Merdum, ça commence bien, impossible, la route et barré pour cause de travaux. Je quitte le mode Boule-flèche de mon TRIPY, pour me mettre en mode cartographie, afin de rejoindre ma trace le plus vite possible. Pour comprendre, le mode carto sur le Tripy, n’est pas très lisible et encore moins quand on roule. Il montre juste ou on est par rapport à l’itinéraire que l’on doit suivre. Mais je fais un premier mauvais choix, qui me mène sur la N7, une deux fois 2 voie équivalent à une autoroute et je m’éloigne de ma trace, la prochaine sortie étant 12 km plus loin. Re rond-point, re mauvais choix, je jardine copieusement et au cours de ce jardinage qui me semble interminable, je tombe (tout étonné) sur l’entrée du célèbre circuit de Nevers Magny-Cours. Au moins je savais enfin où j’étais. Je n’ai pas le courage de m’arrêter pour prendre une photo, mon seul objectif étant sur le moment de rejoindre ma route au plus vite pour enfin avancer, au lieu de tourner en rond comme un hamster dans sa roue. Je finis par trouver la route qui passe sous la N7, afin de rejoindre ma trace. J’ai perdu un temps interminable, mais enfin je commence à avancer dans la bonne direction. Quand je rejoins ma trace, je ne suis qu’a 20 borne de Never. Je préfère ne pas regarder l’heure, je roule c’est l’essentiel et comme ma sœur ne m’attend pas à une heure précise, ce beau jardinage m’aura permis de découvrir un lieu que je ne connaissais pas.
Je suis enfin sur la D116, grande ligne droite entrecoupée de grande courbe, le terrain idéal pour la Speedmaster dont le moteur ronronne à plus ou moins 3000 tours, avec la vitesse l’air est frais, je pense à la réplique de Depardieu dans les valseuses : « On est pas bien ? Paisible, à la fraiche, décontractés du gland »
Mais le plaisir ne dure jamais bien longtemps… Merdum un panneau m’indique une portion avec gravillons. Fallait que ça arrive, on peut rien faire, il faut passer.
Heureusement les plaques sont visibles, les courbes sont larges, je ne prends aucun risque, et dans le doute je privilégie les zones ou passe les pneus des voitures, là où le tassement est le meilleur, mais comme tout motard, c’est pas ma tasse de thé et je ne fais le mariole. Ce n’est pas le moment de se gaufrer, me dit ma petite voix, et pour le coup je suis d’accord avec elle.
Je traverse Decize, une charmante petite commune située dans la Nièvre au confluent de l’Aron et de la Loire. Vu son charme, il ne m’étonne pas qu’elle soit labélisée citée de caractère. Une petite place avec sa fontaine me permet de me garer juste en face d’un petit bar, ou une table en terrasse me tend les bras. J’en profite pour faire une pause et prendre le petit noir du matin. Je suis à l’ombre, j’en profite pour bourrer ma pipe en attendant la serveuse (et non l’inverse) . Le bonheur tient parfois à des petits instants comme celui-là. Je n’ai fait que 30 km depuis Nevers, mais je m’en fou, j’ai tout mon temps, la vie est Belle.
Un motard en GSX 1300R Hayabusa de couleur blanche, se gare à côté du Bistrot, au moment où je m’apprête à partir. On entame la conversation. Ça moto semble neuve, elle a pourtant plus de dix ans, j’apprends qu’il paye le même prix que pour ma Speedmaster en assurance, dans les 500 €. Glups ! 500 € pour un missile sol/sol, j’en reste bouche bée… Le prix des assurances entre la province et la région parisienne, c’est du simple au double. Décidément me dis-je dans mon fort intérieur : il faut que je quitte au plus vite la région parisienne. Le projet est dans les cartons, mais les cartons sont loin d’être fait, me répond ma petite voix.
J’enchaine la D979 et ses longues droite interminable, les poignées ballons de la Speedmaster sont très inconfortable pour mes petites mains de curé (Dixit mon Kiné), avec un début d’insensibilisation sur les pouces, c’est très désagréable, il faudra que je change ces saloperies de poignées au plus vite, en attendant, je goutte pour la première fois au cruise-control, je peux enfin me soulager la main droite. C’est parfois bon le progrès.
Re gravillon, mais mon rectum commence à avoir l’habitude à la vue du panneau, toujours aussi serré qu’un café italien.
Mon prochain waypoint m’indique à 10 km la petite Auberge, que j’avais repérée en préparant ma route. Ça tombe bien : Il est midi passé et je commence à avoir une petite faim. Auberge Gourmande, qu’elle s’appelle, j’espère que le nom est à la hauteur de ce que l’on y mange. De toute façon, après l’expérience du couvent, cela va être difficile de trouver pire. L’Auberge gourmande se trouve sur la D979, peu avant le village de Cilly-sur-Loire. Question qualité-prix, c’est imbattable. Pas chère pour une cuisine raffinée. Je choisi léger et prendrait une truite. Je suis en terrasse à l’ombre, je prends tout mon temps pour cette pose déjeuner.
Je décide de prendre une Photo de l’auberge, pour illustre mon petit CR, et je réalise que mon téléphone n’est plus dans la poche de mon blouson. Je fouille toutes les poches, que dalle. Je me dis, c’est pas possible, tu ne l’as pas posé sur le rebord de la fontaine, après avoir photographier le motard avec son Hayabusa ? Petit moment de solitude. Soudain je me souviens d’une sortie à Moto en Normandie, ou je portais pour la première fois ma veste Richa et où je cherchais désespérément mon portefeuille, pour finalement découvrir en palpant la veste, que je l’avais mis dans une poche « secrète » que possède le blouson. Quelle grosse quiche dit ma petite voix, si ça se trouve, t’as recommencé la même connerie. En effet, je palpe mon blouson et je sens bien la forme de mon téléphone. Ne restait plus qu’à retrouver cette poche secrète, qui est tellement bien dissimulée, que c’est la deuxième fois que je me fais avoir.
Je repars reposé, et surtout beaucoup bien plus zen, après cet épisode de téléphone portable.
A la Motte-Saint-Jean, je m’arrête chez Total pour faire le plein. J’ai opté pour le principe, de ne pas dépasser un réservoir à ½ vide, ce qui me fait souvent des pleins en dessous de 10 €, cela me fait tout drôle, j’ai l’impression que l’essence est devenue pas chère. C’est très con, j’en suis conscient, mais c’est ainsi. Donc, disais-je : Je fais le plein, quand un jeune avec une voiture hors d’âge arrive pour se mettre juste derrière moi. La voiture : un modèle des années 80 (souvent choisi par les jeunes, non pas pour le côté vintage, mais tout simplement pour des raisons de budget) expérience vécu.
Il fait le plein plus rapidement que moi, et surtout, moi j’en profite pour me ravitailler en eau et donc je prends mon temps. Et je vois qu’il ne bouge pas, alors qu’il pouvait partir. Peut-être la peur, en braquant, de toucher ma moto ? Pour le rassurer j’avance un peu la Triumph. Et là, il me dit : désolé, mais je n’ai plus de marche arrière. En effet, au premier coup d’œil, j’avais vu que sa voiture était proche de collection, sans le côté restauration. Ne Vous inquiétez pas, ça passe très largement. Il me remercie et me dit en passant, : elle est belle votre moto. Et là, ma petite voix me dit : ça flatte l’égo Hein ! Et alors, si t’as plus d’égo, c’est que : soit tu es dépressif au dernier degré, soit tu es mort, où alors tu es devenu un grand maître zen, je ne coche aucunes cases, alors fait pas chier.
Silence radio.
Avent d'enquiller les virolos, je décide de faire une pause pour me réhydrater. Une petite place devant une église qui fait face à la Mairie du Village, me font penser A Don Camillo et Peppone, de bons souvenirs de cinéma quand j’étais gosse…
Je poursuis sur la D458, puis sur la D34, la route comporte déjà plus de virage et cela va s’accentuer après Saint-Christophe-en-Brionnais et surtout après Chateauneuf où cela commence à devenir un festival jusqu’à Bagnols, soit + de 60 km de virage qui s’enchainent : D383 / D87 / D108 / D10 / D54 / D116 / D96. J’y vais mollo, je découvre comment Guffy aime négocier une courbe et petit à petit la confiance entre Guffy et moi se fait plus présente et dans une grande courbe en descente, je frotte pour la première fois le repose pieds droit. J’ai enfin trouvé ton point G, Guffy ! Alors Heureuse ? Bah, me dit ma petite voix, faire frotter une Triumph Bonneville Speedmaster, c’est quand même à la portée du premier blaireau venu. Ferme ta gueule, c’est pas à toi que je cause, je parle à Guffy !
Après le petit village de Meaux-la-Montagne, mon TRIPY me dit de tourner à droite. Je m’exécute, mais très vite je réalise que je suis en train d’emprunter une route à chèvre, pas vraiment bien carrossée, le terrain idéal pour une GS, mais pas vraiment pour ma Moto. Pour éviter une séance de rodéo, je diminue l’allure pour m’enfoncer dans un chemin forestier, couvert de branches et d’aiguilles de pin. Bon, me dis-je, j’espère que cette plaisanterie ne va pas durer trop longtemps. Heureusement, ce fut court, 2 petits kilomètres plus loin, je rejoignais la départementale D504. Mais à l’intersection, pour enquiller la départementale, je découvre que sur la droite, un virage situé à 20 mètres de l’intersection m’empêche de voir arriver tout véhicule suffisamment à l’avance pour s’engager. De plus si un véhicule arrive, il est dans les sens de la descente, pas idéale pour s’arrêter si je le surprends au moment où il arrive. Sur ma gauche, c’est sécure, car j’ai + de 100 mètres en visibilité. Moi je suis sur un lit d’aiguilles de pin, avec une adhérence qui m’empêche de partir façon dragster et pour faciliter le tout, j’ai à peine 5 mètres (la largeur de la départementale) pour virer sur la gauche. Petit moment de solitude. Si je m’engage au moment ou un véhicule arrive sur ma droite, ce sera paf le chien. Et je n’ai pas envie d’être le clébard du village ce jour-là. J’avais 2 solutions, la méthode fast, ou y aller au pas. Je décide d’y aller au pas et bien m’en a pris. Au moment où je m’engage, une camionnette blanche arrive vite, sans ralentir, je pile, elle me passe sous le nez sans même avoir toucher à ces freins, je termine mon virage avec de la sueur sous le casque. Ce n’était plus la chaleur (j’étais en zone de sous-bois) mais juste l’émotion. Ma petite voix me dit : Ton ange gardien a bien bossé sur ce coup-là.
Il faudra que je lui paye un coup quand j’arriverai là-haut, mais le plus tard possible sera le mieux…
Je continue ma route, sur une allure modérée, impossible de s’arrêter, j’ai les jambes dans le coton.
Ces 60 bornes de virages non-stop, entrecoupé par l’épisode du chemin de chèvres et surtout ces foutus poignées ballons, ont réveillé mon épaule mais surtout mon poignet droit et je crains la tendinite : expérience déjà vécu et dont la douleur devient vite insupportable. (J’utiliserai une pommade miracle en arrivant chez ma sœur, pommade que j’avais eu la sagesse d’emporter)
Je décide de ravitailler en essence peu après Chatillon (A 17 km au Nord de Lyon) pour me rendre le lendemain à Morestel d’une traite sans avoir à chercher une pompe à essence sur le chemin. A la station, j’en profite pour engloutir un bon ½ litres d’eau. Il fait chaud et lourd, quelques gouttes de pluie commencent à tomber. Je regarde le ciel et en effet, un gros nuage noir est positionné juste au-dessus de la station d’essence. Je tourne la tête et je réalise que ma route est heureusement dans la direction du ciel bleu. Je décide de ne pas enfiler mon pantalon de pluie et j’ai bien fait, car une fois reparti, la pluie a rapidement disparue.
Petit jardinage dans la périphérie de Lyon, la fatigue m’a fait zapper un waypoint au niveau d’un rond-point, j’étais plus très loin de chez ma sœur et j’avais hâte d’arriver.
Allo ! Agnès je suis en bas de chez toi. Ok, j’arrive. Je regarde l’heure : il est 18h00’.
Ma sœur descend pour m’accueillir. Elle ouvre le portail qui mène aux box de l’immeuble. Une grande rampe toute droite s’ouvre devant moi. C’est tout droit, c’est déjà ça. Elle m’explique que ma moto couchera dans le box de sa voisine, une dame âgée qui n’a pas de voiture et qui lui prête son box afin que ma sœur puisse y entreposer ses affaires, suite à son déménagement. Il reste suffisamment de place pour que Guffy puisse y passer la nuit. Ma sœur comme d’habitude a pensé à tout.
Il n’est pas question qu’une si belle moto passe la nuit dehors, insiste-t-elle.
Je n’allais pas la contredire sur ce point.
Je découvre l’appartement de ma sœur, qui a déménagé récemment de Frontignan pour habiter sur Lyon. Son 2 pièces est au dernier étage de l’immeuble, entourée d’une très grande terrasse en forme de U dont la superficie est plus grande que l’appart lui-même. Je me douche illico, puis c’est le bonheur de l’apéro après une longue journée de moto sous le cagnard. Le soir tombe, le vent devient plus frais. On discute, la conversation tourne vite autour de la famille avec ma mère en tête de gondole. Un foie gras poilée accompagné de petit légume confirme le souvenir que j’avais. Ma sœur n’est pas manchote derrière un fourneau. Le Millésime que j’avais apporté accompagne cette soirée. La soirée passe, agréable sous les lueurs des bougies. Le temps défile vite, mes yeux commencent à clignoter, je sens le train du sommeil arriver et vers minuit nous décidons d’un commun accord d’aller rejoindre Morphée. Le canapé-lit déployé dans le salon me tendait déjà ses bras, je me couche sous un rayon de lune qui passe au travers les rideaux. Toujours cette douleur à mon poignet droit, mais la pommade semble avoir fait son effet, je vais peut-être éviter une tendinite, me dis-je pour me rassurer. Demain sera un autre jour, mais aussi la dernière étape pour rejoindre l’aérodrome de Morestel pour les ripailles aéronautiques. Le sommeil me gagne, je suis déjà dans les nuages et en pensant à demain, je m’endors le cœur léger.
A suivre…
Vendredi ...
Pour sortir, comment fait-on avec la barrière, nous sommes passé l’année dernière avec ma Femme, mais j’ai oublié… Vous vous présentez devant et elle s’ouvre automatiquement, me répond gentiment la dame de l’accueil. Ah… Ok ! Merci.
Le réveil fut douloureux, car ma nuit avait été un chouia écourté (voir le premier épisode). Je commence à ranger mes affaires et descend prendre mon petit déjeuner. Ce couvent (transformé en Hôtel) est très grand. De ma chambre à la salle à manger, c’est 300 mètres à pieds. Ça ouvre l’appétit. Le petit déj est de type : tradition française. Pain, beurre, confitures, miel, jus de fruit, café, thé. Mes œufs au bacon, mon jus de légume et mes noisettes, ne sont pas une alternative, ils attendront mon retour at home. Normal, je n’ai pas choisi un hôtel de luxe. Ce sera pain beurre et miel avec café + un petit jus de pomme bien frais, pour avaler mon médoc.
Le café est buvable, c’est déjà ça. J’émerge doucement de ma léthargie. Il est 8h30, est nous somme une vingtaine dans la salle, preuve que l’hostellerie est bien rempli. Retour dans la chambre pour terminer mes bagages, direction l’accueil, puis le parking. 900 mètres en tout chargé comme un baudet, ce qui a pour effet de réveiller la douleur à mon épaule droite, j’aurai préféré que cela réveille mes neurones, car je suis toujours dans le coaltar. Arrivée à la moto, il fait déjà chaud, je suis en nage.
La sortie du couvent sera un vrai sketch. Le radar qui ouvre la barrière, ne détecte pas ma moto. Il aurait peut-être fallu, pour que je sois visible avoir une grosse routière de type BMW RT ou Honda Goldwing, mais sur le coup je me dis que j’ai la moto de James Bond équipé de sa cape d’invisibilité. Je bouge la moto, me décale, rien ni fait, la barrière reste figée. L’interphone étant situé à l’extérieur (dans le sens des arrivées), je décide d’y aller à pied, quand une Citroën Partrner de couleur verdatre délavé arrive pour entrer. Ouf, sauvé par le gong, je vais enfin pouvoir sortir. Que nenni, le couple de la voiture n’arrive pas à ouvrir la barrière, visiblement, ils n’ont pas le bon code. Je commence à avoir chaud sous ma veste, car je suis en plein soleil. Arrive enfin, trois jeunes filles, habillé comme toutes les jeunes filles catho, petites robes plissées comme il se doit, qui elles connaissent le code d’entrée. Délivrance, la barrière s’ouvre. Mais le conducteur de la voiture me voyant devant la barrière, n’ose pas rentrer. Comme je suis à 15 mètres de celle-ci, je lui explique qu’il a largement la place de passer, et pour le rassurer, je recule sur quelques mètres, j’ai pas de chance, je suis tombé sur des vrais quiches. La voiture passe, enfin je peux sortir. Il est 9h50. Je suis libre.
Cela prouve une chose : il est plus facile d’entrer au couvent que d’en sortir.
La sortie de Never se fait sans encombre, la circulation est fluide, mon prochain WP n’est plus très loin, je dois tourner à gauche pour prendre la D13. Merdum, ça commence bien, impossible, la route et barré pour cause de travaux. Je quitte le mode Boule-flèche de mon TRIPY, pour me mettre en mode cartographie, afin de rejoindre ma trace le plus vite possible. Pour comprendre, le mode carto sur le Tripy, n’est pas très lisible et encore moins quand on roule. Il montre juste ou on est par rapport à l’itinéraire que l’on doit suivre. Mais je fais un premier mauvais choix, qui me mène sur la N7, une deux fois 2 voie équivalent à une autoroute et je m’éloigne de ma trace, la prochaine sortie étant 12 km plus loin. Re rond-point, re mauvais choix, je jardine copieusement et au cours de ce jardinage qui me semble interminable, je tombe (tout étonné) sur l’entrée du célèbre circuit de Nevers Magny-Cours. Au moins je savais enfin où j’étais. Je n’ai pas le courage de m’arrêter pour prendre une photo, mon seul objectif étant sur le moment de rejoindre ma route au plus vite pour enfin avancer, au lieu de tourner en rond comme un hamster dans sa roue. Je finis par trouver la route qui passe sous la N7, afin de rejoindre ma trace. J’ai perdu un temps interminable, mais enfin je commence à avancer dans la bonne direction. Quand je rejoins ma trace, je ne suis qu’a 20 borne de Never. Je préfère ne pas regarder l’heure, je roule c’est l’essentiel et comme ma sœur ne m’attend pas à une heure précise, ce beau jardinage m’aura permis de découvrir un lieu que je ne connaissais pas.
Je suis enfin sur la D116, grande ligne droite entrecoupée de grande courbe, le terrain idéal pour la Speedmaster dont le moteur ronronne à plus ou moins 3000 tours, avec la vitesse l’air est frais, je pense à la réplique de Depardieu dans les valseuses : « On est pas bien ? Paisible, à la fraiche, décontractés du gland »
Mais le plaisir ne dure jamais bien longtemps… Merdum un panneau m’indique une portion avec gravillons. Fallait que ça arrive, on peut rien faire, il faut passer.
Heureusement les plaques sont visibles, les courbes sont larges, je ne prends aucun risque, et dans le doute je privilégie les zones ou passe les pneus des voitures, là où le tassement est le meilleur, mais comme tout motard, c’est pas ma tasse de thé et je ne fais le mariole. Ce n’est pas le moment de se gaufrer, me dit ma petite voix, et pour le coup je suis d’accord avec elle.
Je traverse Decize, une charmante petite commune située dans la Nièvre au confluent de l’Aron et de la Loire. Vu son charme, il ne m’étonne pas qu’elle soit labélisée citée de caractère. Une petite place avec sa fontaine me permet de me garer juste en face d’un petit bar, ou une table en terrasse me tend les bras. J’en profite pour faire une pause et prendre le petit noir du matin. Je suis à l’ombre, j’en profite pour bourrer ma pipe en attendant la serveuse (et non l’inverse) . Le bonheur tient parfois à des petits instants comme celui-là. Je n’ai fait que 30 km depuis Nevers, mais je m’en fou, j’ai tout mon temps, la vie est Belle.
Un motard en GSX 1300R Hayabusa de couleur blanche, se gare à côté du Bistrot, au moment où je m’apprête à partir. On entame la conversation. Ça moto semble neuve, elle a pourtant plus de dix ans, j’apprends qu’il paye le même prix que pour ma Speedmaster en assurance, dans les 500 €. Glups ! 500 € pour un missile sol/sol, j’en reste bouche bée… Le prix des assurances entre la province et la région parisienne, c’est du simple au double. Décidément me dis-je dans mon fort intérieur : il faut que je quitte au plus vite la région parisienne. Le projet est dans les cartons, mais les cartons sont loin d’être fait, me répond ma petite voix.
J’enchaine la D979 et ses longues droite interminable, les poignées ballons de la Speedmaster sont très inconfortable pour mes petites mains de curé (Dixit mon Kiné), avec un début d’insensibilisation sur les pouces, c’est très désagréable, il faudra que je change ces saloperies de poignées au plus vite, en attendant, je goutte pour la première fois au cruise-control, je peux enfin me soulager la main droite. C’est parfois bon le progrès.
Re gravillon, mais mon rectum commence à avoir l’habitude à la vue du panneau, toujours aussi serré qu’un café italien.
Mon prochain waypoint m’indique à 10 km la petite Auberge, que j’avais repérée en préparant ma route. Ça tombe bien : Il est midi passé et je commence à avoir une petite faim. Auberge Gourmande, qu’elle s’appelle, j’espère que le nom est à la hauteur de ce que l’on y mange. De toute façon, après l’expérience du couvent, cela va être difficile de trouver pire. L’Auberge gourmande se trouve sur la D979, peu avant le village de Cilly-sur-Loire. Question qualité-prix, c’est imbattable. Pas chère pour une cuisine raffinée. Je choisi léger et prendrait une truite. Je suis en terrasse à l’ombre, je prends tout mon temps pour cette pose déjeuner.
Je décide de prendre une Photo de l’auberge, pour illustre mon petit CR, et je réalise que mon téléphone n’est plus dans la poche de mon blouson. Je fouille toutes les poches, que dalle. Je me dis, c’est pas possible, tu ne l’as pas posé sur le rebord de la fontaine, après avoir photographier le motard avec son Hayabusa ? Petit moment de solitude. Soudain je me souviens d’une sortie à Moto en Normandie, ou je portais pour la première fois ma veste Richa et où je cherchais désespérément mon portefeuille, pour finalement découvrir en palpant la veste, que je l’avais mis dans une poche « secrète » que possède le blouson. Quelle grosse quiche dit ma petite voix, si ça se trouve, t’as recommencé la même connerie. En effet, je palpe mon blouson et je sens bien la forme de mon téléphone. Ne restait plus qu’à retrouver cette poche secrète, qui est tellement bien dissimulée, que c’est la deuxième fois que je me fais avoir.
Je repars reposé, et surtout beaucoup bien plus zen, après cet épisode de téléphone portable.
A la Motte-Saint-Jean, je m’arrête chez Total pour faire le plein. J’ai opté pour le principe, de ne pas dépasser un réservoir à ½ vide, ce qui me fait souvent des pleins en dessous de 10 €, cela me fait tout drôle, j’ai l’impression que l’essence est devenue pas chère. C’est très con, j’en suis conscient, mais c’est ainsi. Donc, disais-je : Je fais le plein, quand un jeune avec une voiture hors d’âge arrive pour se mettre juste derrière moi. La voiture : un modèle des années 80 (souvent choisi par les jeunes, non pas pour le côté vintage, mais tout simplement pour des raisons de budget) expérience vécu.
Il fait le plein plus rapidement que moi, et surtout, moi j’en profite pour me ravitailler en eau et donc je prends mon temps. Et je vois qu’il ne bouge pas, alors qu’il pouvait partir. Peut-être la peur, en braquant, de toucher ma moto ? Pour le rassurer j’avance un peu la Triumph. Et là, il me dit : désolé, mais je n’ai plus de marche arrière. En effet, au premier coup d’œil, j’avais vu que sa voiture était proche de collection, sans le côté restauration. Ne Vous inquiétez pas, ça passe très largement. Il me remercie et me dit en passant, : elle est belle votre moto. Et là, ma petite voix me dit : ça flatte l’égo Hein ! Et alors, si t’as plus d’égo, c’est que : soit tu es dépressif au dernier degré, soit tu es mort, où alors tu es devenu un grand maître zen, je ne coche aucunes cases, alors fait pas chier.
Silence radio.
Avent d'enquiller les virolos, je décide de faire une pause pour me réhydrater. Une petite place devant une église qui fait face à la Mairie du Village, me font penser A Don Camillo et Peppone, de bons souvenirs de cinéma quand j’étais gosse…
Je poursuis sur la D458, puis sur la D34, la route comporte déjà plus de virage et cela va s’accentuer après Saint-Christophe-en-Brionnais et surtout après Chateauneuf où cela commence à devenir un festival jusqu’à Bagnols, soit + de 60 km de virage qui s’enchainent : D383 / D87 / D108 / D10 / D54 / D116 / D96. J’y vais mollo, je découvre comment Guffy aime négocier une courbe et petit à petit la confiance entre Guffy et moi se fait plus présente et dans une grande courbe en descente, je frotte pour la première fois le repose pieds droit. J’ai enfin trouvé ton point G, Guffy ! Alors Heureuse ? Bah, me dit ma petite voix, faire frotter une Triumph Bonneville Speedmaster, c’est quand même à la portée du premier blaireau venu. Ferme ta gueule, c’est pas à toi que je cause, je parle à Guffy !
Après le petit village de Meaux-la-Montagne, mon TRIPY me dit de tourner à droite. Je m’exécute, mais très vite je réalise que je suis en train d’emprunter une route à chèvre, pas vraiment bien carrossée, le terrain idéal pour une GS, mais pas vraiment pour ma Moto. Pour éviter une séance de rodéo, je diminue l’allure pour m’enfoncer dans un chemin forestier, couvert de branches et d’aiguilles de pin. Bon, me dis-je, j’espère que cette plaisanterie ne va pas durer trop longtemps. Heureusement, ce fut court, 2 petits kilomètres plus loin, je rejoignais la départementale D504. Mais à l’intersection, pour enquiller la départementale, je découvre que sur la droite, un virage situé à 20 mètres de l’intersection m’empêche de voir arriver tout véhicule suffisamment à l’avance pour s’engager. De plus si un véhicule arrive, il est dans les sens de la descente, pas idéale pour s’arrêter si je le surprends au moment où il arrive. Sur ma gauche, c’est sécure, car j’ai + de 100 mètres en visibilité. Moi je suis sur un lit d’aiguilles de pin, avec une adhérence qui m’empêche de partir façon dragster et pour faciliter le tout, j’ai à peine 5 mètres (la largeur de la départementale) pour virer sur la gauche. Petit moment de solitude. Si je m’engage au moment ou un véhicule arrive sur ma droite, ce sera paf le chien. Et je n’ai pas envie d’être le clébard du village ce jour-là. J’avais 2 solutions, la méthode fast, ou y aller au pas. Je décide d’y aller au pas et bien m’en a pris. Au moment où je m’engage, une camionnette blanche arrive vite, sans ralentir, je pile, elle me passe sous le nez sans même avoir toucher à ces freins, je termine mon virage avec de la sueur sous le casque. Ce n’était plus la chaleur (j’étais en zone de sous-bois) mais juste l’émotion. Ma petite voix me dit : Ton ange gardien a bien bossé sur ce coup-là.
Il faudra que je lui paye un coup quand j’arriverai là-haut, mais le plus tard possible sera le mieux…
Je continue ma route, sur une allure modérée, impossible de s’arrêter, j’ai les jambes dans le coton.
Ces 60 bornes de virages non-stop, entrecoupé par l’épisode du chemin de chèvres et surtout ces foutus poignées ballons, ont réveillé mon épaule mais surtout mon poignet droit et je crains la tendinite : expérience déjà vécu et dont la douleur devient vite insupportable. (J’utiliserai une pommade miracle en arrivant chez ma sœur, pommade que j’avais eu la sagesse d’emporter)
Je décide de ravitailler en essence peu après Chatillon (A 17 km au Nord de Lyon) pour me rendre le lendemain à Morestel d’une traite sans avoir à chercher une pompe à essence sur le chemin. A la station, j’en profite pour engloutir un bon ½ litres d’eau. Il fait chaud et lourd, quelques gouttes de pluie commencent à tomber. Je regarde le ciel et en effet, un gros nuage noir est positionné juste au-dessus de la station d’essence. Je tourne la tête et je réalise que ma route est heureusement dans la direction du ciel bleu. Je décide de ne pas enfiler mon pantalon de pluie et j’ai bien fait, car une fois reparti, la pluie a rapidement disparue.
Petit jardinage dans la périphérie de Lyon, la fatigue m’a fait zapper un waypoint au niveau d’un rond-point, j’étais plus très loin de chez ma sœur et j’avais hâte d’arriver.
Allo ! Agnès je suis en bas de chez toi. Ok, j’arrive. Je regarde l’heure : il est 18h00’.
Ma sœur descend pour m’accueillir. Elle ouvre le portail qui mène aux box de l’immeuble. Une grande rampe toute droite s’ouvre devant moi. C’est tout droit, c’est déjà ça. Elle m’explique que ma moto couchera dans le box de sa voisine, une dame âgée qui n’a pas de voiture et qui lui prête son box afin que ma sœur puisse y entreposer ses affaires, suite à son déménagement. Il reste suffisamment de place pour que Guffy puisse y passer la nuit. Ma sœur comme d’habitude a pensé à tout.
Il n’est pas question qu’une si belle moto passe la nuit dehors, insiste-t-elle.
Je n’allais pas la contredire sur ce point.
Je découvre l’appartement de ma sœur, qui a déménagé récemment de Frontignan pour habiter sur Lyon. Son 2 pièces est au dernier étage de l’immeuble, entourée d’une très grande terrasse en forme de U dont la superficie est plus grande que l’appart lui-même. Je me douche illico, puis c’est le bonheur de l’apéro après une longue journée de moto sous le cagnard. Le soir tombe, le vent devient plus frais. On discute, la conversation tourne vite autour de la famille avec ma mère en tête de gondole. Un foie gras poilée accompagné de petit légume confirme le souvenir que j’avais. Ma sœur n’est pas manchote derrière un fourneau. Le Millésime que j’avais apporté accompagne cette soirée. La soirée passe, agréable sous les lueurs des bougies. Le temps défile vite, mes yeux commencent à clignoter, je sens le train du sommeil arriver et vers minuit nous décidons d’un commun accord d’aller rejoindre Morphée. Le canapé-lit déployé dans le salon me tendait déjà ses bras, je me couche sous un rayon de lune qui passe au travers les rideaux. Toujours cette douleur à mon poignet droit, mais la pommade semble avoir fait son effet, je vais peut-être éviter une tendinite, me dis-je pour me rassurer. Demain sera un autre jour, mais aussi la dernière étape pour rejoindre l’aérodrome de Morestel pour les ripailles aéronautiques. Le sommeil me gagne, je suis déjà dans les nuages et en pensant à demain, je m’endors le cœur léger.
A suivre…
Dernière édition par Freuxeu le Jeu 14 Sep 2023 - 13:55, édité 4 fois
Freuxeu- Messages : 264
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Re: Une Bonneville Speedmaster pour un rodage et des ripailles aéronautiques
tu es doué pour écrire vivement la suite
elle à l'air top cette speed master
elle à l'air top cette speed master
Davids40- Messages : 279
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Age : 50
Re: Une Bonneville Speedmaster pour un rodage et des ripailles aéronautiques
Et pas un mot à propos du confort de la selle ou de la position de conduite : c’est révélateur après une journée de route !
Microto- Admin
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Date d'inscription : 19/10/2021
Re: Une Bonneville Speedmaster pour un rodage et des ripailles aéronautiques
[Petit carnet de voyage sur six jours (six épisodes)]
Samedi ...
La douce chanson de mon portable qui me sert de réveil m’indique qu’il est temps de me sortir du lit. Pour être honnête, J’étais déjà réveillé, car les pas de ma sœur traversant le salon pour aller dans sa cuisine afin de préparer le petit-déjeuner, m’avait extirpé d’un sommeil léger. Mais en entendant ses pas feutrés, j’ai feint de dormir, m’évitant de lui demander si elle n’avait pas besoin d’un petit coup de main : le fourbe.
Nous prenons le petit-déjeuner sur la terrasse, il est 8h30, le soleil est déjà assez haut et je commence à cuire. Je m’excuse auprès de ma sœur, pour aller chercher ma casquette, afin de me couvrir.
J’avais compris la veille que m’a sœur avait un rendez-vous ce matin et je lui propose d’avancer mon heure de départ, ce qu’elle ne refuse pas et nous décidons de lever le camp pour 9h30.
Elle prend sa voiture, moi ma moto et nous sortons ensemble en empruntant cette longue rampe qui me fait penser aux rampes des V1 de la seconde guerre mondiale, mais contrairement au V1, je dois négocier celle-ci à allure modéré sous peine de décollage à l’arrivée. Ce serait ballot de démarrer façon dragster pour terminer les quatre fers en l’air.
Je lui avais précédemment demandé si elle connaissait une station-service dans le coin, suis-moi, dit-elle, c’est sur mon chemin.
Je suis la voiture de ma sœur, qui après quelques minutes de circulation m’indique d’un grand signe du bras une station qui se trouve sur ma gauche. Nous nous quittons ainsi en chemin.
Arrivée à la pompe, je décroche le pistolet, et attend que la caissière me libère la pompe. Je patiente, je re-patiente, toujours rien. Je raccroche le pistolet et décide d’aller à la caisse. Je rentre : il y a trois personne devant moi. Et je dis à la cantonade : « pour la pompe, je peux avoir de l’essence, ou peut-être faut-il présenter sa carte d’identité ? Sa carte vitale ? Ou bien sa carte de séjour ? » Et là, je réalise que la caissière est une femme de couleur. Ah bravo me dit ma petite voix, pour une boulette, c’est une belle boulette. J’espère juste qu’elle ne t’a pas entendu, sinon ça risque de tourner au vinaigre. T’as raison, je vais passer pour un sale raciste, que dis-je un suprémaciste blanc. Je baisse la tête, je sais plus où me mettre et comme je n’ai pas ma cape d’invisibilité, c’est foutu pour moi. J’arrive enfin à la caisse, et elle m’explique avec un grand sourire, que je vais prépayer avec ma carte et que je ne serai débité que de la somme correspondante au carburant pris. Ah bon, ça marche comme ça, en prenant l’air ahuri. Donc pour le reçu, il faudra que je revienne vous voir ? Tout à fait, me répond-t-elle avec son sourire désarmant.
Je remets enfin le pistolet dans l'orifice de mon réservoir, qui se remplit quasi instantanément. Je réalise que je n’avais pas besoin de faire le plein, puisque je l’avais fait en arrivant sur Lyon. A peine 1,5 litre de carburant… Tout ce foin pour ça. Pour l’heure, la quiche c’était moi, manquait plus que je sois né dans la région de la Lorraine et c’était le bouquet final. Tu es sûr de vouloir réclamer ton ticket de caisse pour moins de trois euros, me susurre ma petite voix. Ferme-là ! répondis-je, vexé comme un vieux pou.
Après de longues minutes entrecoupées de feux et de ronds-points, je quitte enfin Lyon pour me diriger vers Morestel. Je croyais l’affaire simple, mais c’était sans compter sur mon sens innée de l’orientation. Mais là, j’avais quand même une excuse, j’avais oublié un WP important. Après la traversé du pont enjambant le Rhône, je devais suivre la D41j direction Grenoble et j’ai pris la D502, qui est parallèle à la route que je devais suivre. Mais de parallèle, la D502 finit par s’écarter de ma trace, je devrais donc bifurquer à droite à la première intersection. Mais le jardinier que j’étais enfin devenu a fini par se gourer au premier rond-point pour terminer dans une petite zone industrielle. C’était un mini jardinage par rapport à la sortie de Never, mais cela m’élevait enfin au grade de maitre-jardinier.
Morestel n’est plus qu’à une trentaine de Kilomètres, mais la chaleur commence à monter et je suis mort de soif. Impossible de s’arrêter quand enfin à Cessieu, un petit parking s’offre à moi. J’enlève illico mon blouson et me précipite sur la flotte que j’avais emporté. Je vide d’un trait la moitié de ma bouteille d’un litre et me réfugie sur le petit mètre carré d’ombre offert par un abri bus. Je grille mon dernier cigarillo, il commence à faire vraiment chaud. Il est temps de repartir.
Enfin Morestel. L’aérodrome n’est plus très loin. Je n’avais plus besoin de mon GPS, étant déjà venu aux premières ripailles aéronautique organisé par André il y a 5 ans. (André, qui est pilote d’avion est aussi membre d’un forum de motard qui roule sur des flat-twin BMW, forum où je me suis inscrit, il y a 7 ans déjà, quand j’avais ma R1200RS) Et c’est cet André qui organise tous les ans ces fameuses « Ripailles Aéronautique »
J’avais noté qu’il fallait que je ravitaille en essence en arrivant dans la station-service de l’Intermarché qui jouxte l’aérodrome. Mais ce samedi, à midi, tous les automobilistes du coin avaient décidé de remplir leur réservoir au même moment. Devant la queue interminable, je décide donc de reporter le plein au lendemain : jour où je devais rejoindre au restaurant ceux qui participaient à la sortie organisée par André.
Je gare ma moto devant le petit bâtiment de l’aéroclub et entre dans la salle de « briefing » qui fait aussi office de bar. Je demande si André est là ? il est dehors sous la glycine, me répond-t-on. (Je ne sais pas si la plante grimpante est une glycine, car j’ai beau avoir été décoré du diplôme de maitre jardinier, je dois vous avouer que je suis une cruche en botanique, mais pour la commodité du récit, je l’appellerais Glycine) En effet je découvre André et sa femme assis à l’ombre, seul endroit de l’aéroclub où il fait frais. Ils m’accueillent avec un grand sourire, on se salut, on me demande si j’ai fait bonne route, puis sa femme qui s’apprête à faire des courses à l’Intermarché me propose gentiment de me prendre quelque chose à manger. Ça tombe bien, car les deux heures passées sous le cagnard à moto mon lessivé.
Les organisateurs des Ripailles aéronautiques sans leurs visages (j'ai oublié de leur demander un droit à l'image)
Je me précipite au bar, pour remplir ma gourde d’eau fraiche et enfin me poser. Je sors du bar, une BM arrive, c’est H2O (pseudo), que je rencontre pour la première fois. Il découvre ma nouvelle mobylette, on papote, moto comme il se doit.
André me confirme que le premier vol en avion aura lieu vers 14h00, nous aurons largement le temps de déjeuner. Sa femme revient avec le sandwich au thon que j’avais demandé. Nous mangeons tous ensemble, André, sa femme, moi et trois autres personnes, Dr.X (pseudo) un membre du forum que je rencontrais pour la première fois et deux autres membres du forum (Brigitte et Syssy : des motardes) que je connaissais déjà. Toujours est-il que nous passons un moment agréable avant d’embarquer dans l’avion qui sera piloté par le maitre de la cérémonie : André pour ne pas le nommer.
Des suisses arrivent, pendant le déjeuner, à bord d’une Audi-break : ils débarquent tout leur matériel ainsi qu’un barnum qu’ils installeront finalement loin de nous sans nous déranger. C’était un club de voltige aérienne, leur avion, rutilant : jaune canaris, aux même couleur que leurs fanions étaient déjà parqué sur le tarmac de l’aéroclub.
Nous trouvons enfin la quatrième personne qui montera dans l’avion pour le premier vol, ce qui : certes alourdira l’avion mais allègera d’autant la facture de carburant qui sera répartie par le nombre de personnes embarqué (pilote compris).
Pendant qu’André prépare son vol, eh oui, on ne prend pas un avion comme on prend sa bagnole, arrive la tribu de l’Aindien (pseudo) un autre membre du forum que je connaissais qui est venu avec ses quatre enfants et petits-enfants : ils sont 8 en tout, excusez du peu. J’apprends sur le coup qu’il a quatre enfants (qu’il a eu avec deux squaws, si j’ai bien compris) ! je suis sur le cul, perso rien qu’avec 2, je suis déjà proche de l’apoplexie. Gamain (pseudo) : un ami de l’Aindien, est là aussi avec sa compagne. D’autres membre du forum arrivent avec leur femme, leurs enfants, parfois accompagnés de leurs petits-enfants. Il est 14h00, la troupe semble être au complet, personne n’est en retard pour les premiers vols programmés,
On s’embrasse, se présentent (pour ceux et celles que l’on découvre pour la première fois) et l’heure de choisir qui qui fait quoi arrive, car au menu il y a du choix, Planeur, avion, ULM et voltige. Mais ce sera la voltige aérienne qui aura le plus grand succès.
Arrive l’heure du premier vol. André (le pilote), Brigitte, une autre personne (que je ne connais pas) et moi, nous embarquons dans l’avion après qu’André nous ait expliqué où poser les pieds sur l’aile pour accéder à la cabine. Je suis surpris par son étroitesse, car la dernière fois que j’étais monté sur ce type d’avion, il y a déjà une trentaine d’année, la place entre le pilote et le passager était bien plus large, occupé par les manettes des volets. Ici la manette des volets correspond à une simple tige en métal, du même type que les voitures anciennes de collection.
Je suis heureux de pouvoir prendre le siège avant droit, ce qui me permettra de me re-familiariser avec les instruments du tableau de bord, mes heures de simulateur sur ordi remontent déjà à plus d’un an mais c’est comme le vélo, ça revient vite.
Check-list, moteur. L’hélice s’ébroue, nous roulons vers la piste. Le décollage se déroule (les doigts dans le nez) c’est une expression, vous aurez compris : André avait bien les doigts sur le manche. L’avion monte doucement en altitude, l’air est chaud et cela n’aide pas. André vol évidement en VFR (vol à vue) et nous grimpons lentement pour atteindre une altitude de 4800 pieds (mais comme j’ai ma mémoire qui flanche, je suis plus très sûr de notre altitude de croisière, je dis ça à la louche) mais aucune importance, le simple fait d’arrêter la montée soulage vite le moteur et permet à la température d’huile de commencer à baisser. On peut alors voir le nombre de maisons qui possèdent une piscine sur Morestel, mais comme je ne suis pas inspecteur des impôts, je n’ai pas compté. :-) Nous avons tous un casque, ce qui permet de communiquer entre nous. André prévient de son arrivé au contrôle aérien, nous serons donc surveillés au radar… Ceinture et Bretelle, on n’est jamais trop prudent quand on est dans les airs. Notre commandant de bord entame un premier virage pour se diriger en direction du lac du Bourget et nous informe de tout ce que nous voyons aux alentours. Nous passons au-dessus du Rhône et son canal de dérivation, frontière naturelle entre l’Ain et la Savoie.
La main de Dieu (d'André : le pilote mais qui est maître à bord après Dieu)
Point de Mont-Blanc à l’horizon, ce jour-là, une brume masquait la chaine des Alpes. Peu après nous survolons le Mont du chat. Pas de gros rapaces en vue, juste des parapentes inoffensifs qui sont en contrebas. Sur nos 9h00, la dent du chat se dresse, magnifique. Puis nous apercevons enfin le Lac du Bourget, que nous longerons en le laissant sur nos 3h00 (sur notre gauche) et sur nos 9h00 (sur notre droite) le mont du chat à une distance de sécurité afin d’éviter les rabattant et autre turbulences provoqués par le relief.
André nous montre l’Abbaye d'Hautecombe et tant d’autres choses que j’ai déjà oubliés. Il est temps de revenir sur l’aérodrome, nous obliquons cap sur Morestel pour entamer la descente. Le régime moteur diminue, l’aiguille du variomètre entame sa course dans le sens antihoraire. L’aérodrome est en vue, nous passons en vent arrière avant de nous aligner dans l’axe de la piste. Les volets sont abaissés (mais sur ce point ; je n’ai même pas vu André le faire) mais ma parano naturelle refaisant surface, un rapide coup d’œil sur les ailes, me confirme que tout est OK. Nous sommes déjà sur le glide, et alors que nous ne sommes plus qu’à environ 200 pieds (je dis-ça à la louche) mais ont était pas bien haut, une jolie rafale fait ripper, l’espace d’un instant, notre avion. Pour un novice comme moi, cela surprend toujours, pour André qui a l’habitude, c’est de la routine. L’avion revient dans l’axe, grâce au léger coup de manche du pilote pour compenser l’inclinaison de l’avion. L’alarme de décrochage se manifeste à plusieurs reprise (tout ce qu’il a de plus normal) mais si on ne sait pas de quoi il s’agit, ça peut faire flipper. André entame son approche, compense régulièrement avec les gaz pour rester à la bonne vitesse et nous offre en final un jolie kiss landing (un atterrissage doux comme un baiser) Nous sommes à nouveau sur le planchez des vaches à rouler sur la piste, cela secoue forcément un peu, point de macadam sur cet aérodrome, c’est de l’herbe juste un peu tondue.
Ce vol fut trois quart d’heure de bonheur qui m’ont paru une éternité.
Mon corps était sur terre, mais mon cerveau était encore dans les nuages. Il me fallut un petit temps d’adaptation pour que j’atterrisse réellement. Ça doit surement avoir un nom en psychologie cognitive…
Les vols vont s’enchainer, afin que tous ceux présent puissent partir en l’air, pour certain ce sera même un baptême. André fera 4 rotations (si mes souvenirs sont bon) Cette année point de planeur ni d’ULM, par contre la voltige aérienne (une première au programme) fut un vrai succès. Il suffisait de voir la banane qu’affichaient ceux qui revenaient après leur tour de grand-huit puissance 2. Ayant déjà expérimenté la chose, je comprenais leur joie d’avoir éprouvé des sensations qui sont exceptionnelles (et le mot est faible). Chapeau au pilote de voltige, car je ne sais pas combien de rotation il a effectué ce jour-là. Mais visiblement, il n’était pas fatigué, car en fin de journée, il est reparti en solo, juste pour une petite démonstration.
Ma nouvelle triumph attire forcement l’attention, chacun y va de sa petite note, on s’assoit dessus pour voir ce que ça donne, on papote moto comme toujours. Gamain était venu avec sa nouvelle moto : Une GS adventure. Versus la Triumph, on avait 2 motos réunies côte à côte pour 2 philosophies diamétralement opposées. L’un des tenanciers de l’aéroclub (le remorqueur des planeurs) a cru bon de comparer la Triumph Bonneville Speedmaster et la BMW en opposant la grâce de la ballerine so britich à la teutonne, dont l’esthétique lui rappelait le célèbre Panzer allemand. Le trait était bien gras, forcément… On a bien rigolé ! C’était le but.
Vient vite l’heure de préparer le BBQ. C’est Yansandan (pseudo), autre membre du forum, qui s’y colle. J’aide (à l’aide de mon briquet) à allumer le feu, mais rassurez-vous, ma petite contribution s’arrêtera là, car notre chef cuistot (bien qu’amateur) maitrise tellement bien son sujet, qu’il n’a besoin de personne pour assurer le démarrage du feu, ni même pour entretenir la braise.
Je découvre par la suite, qu’il a son pulvérisateur, pour éviter que les flammes ne brulent les merguez et le poulet. On n’est plus dans l’amateurisme, nous avons à faire à un pro.
Les convives en profitent pendant ce temps de préparation (pour avoir des bonnes braises, c’est long le démarrage d’un BBQ) pour se désaltérer avec un petit blanc bien frais, pendant que notre maitre cuistot, lui se « rafraîchit » auprès d’un barbeurk, qui ajoute de la chaleur à la chaleur de la journée. On n’avait beau être à l’ombre de la glycine, auprès des braises il faisait bien chaud. Mais ce sacrifice en valait la peine car le poulet de chez Azzouz (un des meilleurs boucher de Lyon) était divinement cuit, jamais je n’avais dégusté une chaire de poulet qui fondait littéralement dans la bouche, une pure merveille. Ce poulet a fait l’unanimité. Je ne sais pas ce que fait le guide Michelin, mais les ripailles Aéronautiques devraient y figurer.
En sirotant le Xème verres de ce petit vin blanc bien frais, gouleyant à souhait, je fus saisi d’une pensée : Les ripailles aéronautiques, c’est avant tout une joyeuse ambiance familiale, les jeunes enfants courent dans tous les sens, ça met de la vie et cela me rappelle les fêtes en famille. Ceux qui se connaissent ont l’occasion de se retrouver, les nouveaux de découvrir les membres du forum et si on est en plus passionné d’aéronautique, on apprend une foultitude de choses en discutant avec les membres de l’aéroclub.
La soirée se termine, c’est l’heure de nous quitter, nous sommes quelques un(e) à profiter de l’hospitalité d’André pour la nuit. André m’avait dit en début de soirée, que nous rentrions tous en voiture et que je pouvais laisser ma moto à l’aéroclub, ce que je fis. Cette bonne nouvelle m’a permis de dépasser les deux verres réglementaires et de pouvoir ainsi profiter pleinement de la soirée.
Après 10 minutes de route, nous arrivons dans la maison de campagne d’André, située à 10 minutes de l’aérodrome. André et sa femme nous font découvrir leur maison, ainsi qu’une magnifique cave voutée, que je n’ai malheureusement pas pu voir, car j’avais déjà enlevé une de mes chaussures, et je ne me voyais pas descendre les escaliers tel le bossu de Notre Dame. Nos chambres sont distribuées, je partagerai la mienne avec Dr.X (pseudo) un nouveau membre du forum que je rencontrai pour la première fois (pour ceux qui n’ont pas tous suivi).
Après une bonne douche, ce fût coucouche panier. Nous mettons nos réveils respectif Dr.X et moi (avec 5 minutes de décalage) afin d’être certain de se réveiller. Dr.X s’endort presqu’instantanément et cela a toujours le don de m’énerver, moi qui met si longtemps à m’endormir. Et comment savais-je qu’il dormait déjà ? Bonne question. Par un festival sonore, non pas un ronflement mais plutôt composé d’un premier bruit de locomotive à vapeur (exactement le même « pfeuu » que fait ma femme en dormant, mais pas toute la nuit, faut pas déconner !) suivi juste après d’un râle façon « brame du cerf en rut » et pour finir sur un grognement de type sanglier… Trois sonorités qui s’enchainaient de manière régulières tel un métronome. Ma technique pour m’endormir dans ces cas-là et de calquer le bruit sur une image mentale. Avec le son de la locomotive à vapeur, c’est simple, il suffit de s’imaginer en Jean Gabin dans la bête humaine (entrainement que j’ai avec le « pfeuu » que peut faire ma femme en dormant). Mais le « pfeuu » de Dr.X était systématiquement accompagné de deux autres bruits, qui évoquait plutôt celui de la forêt peuplée de cerfs et de sangliers. Je devais donc m’imaginer à bord de ma locomotive à vapeur, traversant la forêt en pleine nuit en éclairant de ses phares les cerfs et les sangliers sur les bords de la voie. Une image mentale que j’eu du mal à maintenir. Finalement, la fatigue a eu son dernier mot et le sommeil cette nuit-là fut réparateur.
A suivre…
Samedi ...
La douce chanson de mon portable qui me sert de réveil m’indique qu’il est temps de me sortir du lit. Pour être honnête, J’étais déjà réveillé, car les pas de ma sœur traversant le salon pour aller dans sa cuisine afin de préparer le petit-déjeuner, m’avait extirpé d’un sommeil léger. Mais en entendant ses pas feutrés, j’ai feint de dormir, m’évitant de lui demander si elle n’avait pas besoin d’un petit coup de main : le fourbe.
Nous prenons le petit-déjeuner sur la terrasse, il est 8h30, le soleil est déjà assez haut et je commence à cuire. Je m’excuse auprès de ma sœur, pour aller chercher ma casquette, afin de me couvrir.
J’avais compris la veille que m’a sœur avait un rendez-vous ce matin et je lui propose d’avancer mon heure de départ, ce qu’elle ne refuse pas et nous décidons de lever le camp pour 9h30.
Elle prend sa voiture, moi ma moto et nous sortons ensemble en empruntant cette longue rampe qui me fait penser aux rampes des V1 de la seconde guerre mondiale, mais contrairement au V1, je dois négocier celle-ci à allure modéré sous peine de décollage à l’arrivée. Ce serait ballot de démarrer façon dragster pour terminer les quatre fers en l’air.
Je lui avais précédemment demandé si elle connaissait une station-service dans le coin, suis-moi, dit-elle, c’est sur mon chemin.
Je suis la voiture de ma sœur, qui après quelques minutes de circulation m’indique d’un grand signe du bras une station qui se trouve sur ma gauche. Nous nous quittons ainsi en chemin.
Arrivée à la pompe, je décroche le pistolet, et attend que la caissière me libère la pompe. Je patiente, je re-patiente, toujours rien. Je raccroche le pistolet et décide d’aller à la caisse. Je rentre : il y a trois personne devant moi. Et je dis à la cantonade : « pour la pompe, je peux avoir de l’essence, ou peut-être faut-il présenter sa carte d’identité ? Sa carte vitale ? Ou bien sa carte de séjour ? » Et là, je réalise que la caissière est une femme de couleur. Ah bravo me dit ma petite voix, pour une boulette, c’est une belle boulette. J’espère juste qu’elle ne t’a pas entendu, sinon ça risque de tourner au vinaigre. T’as raison, je vais passer pour un sale raciste, que dis-je un suprémaciste blanc. Je baisse la tête, je sais plus où me mettre et comme je n’ai pas ma cape d’invisibilité, c’est foutu pour moi. J’arrive enfin à la caisse, et elle m’explique avec un grand sourire, que je vais prépayer avec ma carte et que je ne serai débité que de la somme correspondante au carburant pris. Ah bon, ça marche comme ça, en prenant l’air ahuri. Donc pour le reçu, il faudra que je revienne vous voir ? Tout à fait, me répond-t-elle avec son sourire désarmant.
Je remets enfin le pistolet dans l'orifice de mon réservoir, qui se remplit quasi instantanément. Je réalise que je n’avais pas besoin de faire le plein, puisque je l’avais fait en arrivant sur Lyon. A peine 1,5 litre de carburant… Tout ce foin pour ça. Pour l’heure, la quiche c’était moi, manquait plus que je sois né dans la région de la Lorraine et c’était le bouquet final. Tu es sûr de vouloir réclamer ton ticket de caisse pour moins de trois euros, me susurre ma petite voix. Ferme-là ! répondis-je, vexé comme un vieux pou.
Après de longues minutes entrecoupées de feux et de ronds-points, je quitte enfin Lyon pour me diriger vers Morestel. Je croyais l’affaire simple, mais c’était sans compter sur mon sens innée de l’orientation. Mais là, j’avais quand même une excuse, j’avais oublié un WP important. Après la traversé du pont enjambant le Rhône, je devais suivre la D41j direction Grenoble et j’ai pris la D502, qui est parallèle à la route que je devais suivre. Mais de parallèle, la D502 finit par s’écarter de ma trace, je devrais donc bifurquer à droite à la première intersection. Mais le jardinier que j’étais enfin devenu a fini par se gourer au premier rond-point pour terminer dans une petite zone industrielle. C’était un mini jardinage par rapport à la sortie de Never, mais cela m’élevait enfin au grade de maitre-jardinier.
Morestel n’est plus qu’à une trentaine de Kilomètres, mais la chaleur commence à monter et je suis mort de soif. Impossible de s’arrêter quand enfin à Cessieu, un petit parking s’offre à moi. J’enlève illico mon blouson et me précipite sur la flotte que j’avais emporté. Je vide d’un trait la moitié de ma bouteille d’un litre et me réfugie sur le petit mètre carré d’ombre offert par un abri bus. Je grille mon dernier cigarillo, il commence à faire vraiment chaud. Il est temps de repartir.
Enfin Morestel. L’aérodrome n’est plus très loin. Je n’avais plus besoin de mon GPS, étant déjà venu aux premières ripailles aéronautique organisé par André il y a 5 ans. (André, qui est pilote d’avion est aussi membre d’un forum de motard qui roule sur des flat-twin BMW, forum où je me suis inscrit, il y a 7 ans déjà, quand j’avais ma R1200RS) Et c’est cet André qui organise tous les ans ces fameuses « Ripailles Aéronautique »
J’avais noté qu’il fallait que je ravitaille en essence en arrivant dans la station-service de l’Intermarché qui jouxte l’aérodrome. Mais ce samedi, à midi, tous les automobilistes du coin avaient décidé de remplir leur réservoir au même moment. Devant la queue interminable, je décide donc de reporter le plein au lendemain : jour où je devais rejoindre au restaurant ceux qui participaient à la sortie organisée par André.
Je gare ma moto devant le petit bâtiment de l’aéroclub et entre dans la salle de « briefing » qui fait aussi office de bar. Je demande si André est là ? il est dehors sous la glycine, me répond-t-on. (Je ne sais pas si la plante grimpante est une glycine, car j’ai beau avoir été décoré du diplôme de maitre jardinier, je dois vous avouer que je suis une cruche en botanique, mais pour la commodité du récit, je l’appellerais Glycine) En effet je découvre André et sa femme assis à l’ombre, seul endroit de l’aéroclub où il fait frais. Ils m’accueillent avec un grand sourire, on se salut, on me demande si j’ai fait bonne route, puis sa femme qui s’apprête à faire des courses à l’Intermarché me propose gentiment de me prendre quelque chose à manger. Ça tombe bien, car les deux heures passées sous le cagnard à moto mon lessivé.
Les organisateurs des Ripailles aéronautiques sans leurs visages (j'ai oublié de leur demander un droit à l'image)
Je me précipite au bar, pour remplir ma gourde d’eau fraiche et enfin me poser. Je sors du bar, une BM arrive, c’est H2O (pseudo), que je rencontre pour la première fois. Il découvre ma nouvelle mobylette, on papote, moto comme il se doit.
André me confirme que le premier vol en avion aura lieu vers 14h00, nous aurons largement le temps de déjeuner. Sa femme revient avec le sandwich au thon que j’avais demandé. Nous mangeons tous ensemble, André, sa femme, moi et trois autres personnes, Dr.X (pseudo) un membre du forum que je rencontrais pour la première fois et deux autres membres du forum (Brigitte et Syssy : des motardes) que je connaissais déjà. Toujours est-il que nous passons un moment agréable avant d’embarquer dans l’avion qui sera piloté par le maitre de la cérémonie : André pour ne pas le nommer.
Des suisses arrivent, pendant le déjeuner, à bord d’une Audi-break : ils débarquent tout leur matériel ainsi qu’un barnum qu’ils installeront finalement loin de nous sans nous déranger. C’était un club de voltige aérienne, leur avion, rutilant : jaune canaris, aux même couleur que leurs fanions étaient déjà parqué sur le tarmac de l’aéroclub.
Nous trouvons enfin la quatrième personne qui montera dans l’avion pour le premier vol, ce qui : certes alourdira l’avion mais allègera d’autant la facture de carburant qui sera répartie par le nombre de personnes embarqué (pilote compris).
Pendant qu’André prépare son vol, eh oui, on ne prend pas un avion comme on prend sa bagnole, arrive la tribu de l’Aindien (pseudo) un autre membre du forum que je connaissais qui est venu avec ses quatre enfants et petits-enfants : ils sont 8 en tout, excusez du peu. J’apprends sur le coup qu’il a quatre enfants (qu’il a eu avec deux squaws, si j’ai bien compris) ! je suis sur le cul, perso rien qu’avec 2, je suis déjà proche de l’apoplexie. Gamain (pseudo) : un ami de l’Aindien, est là aussi avec sa compagne. D’autres membre du forum arrivent avec leur femme, leurs enfants, parfois accompagnés de leurs petits-enfants. Il est 14h00, la troupe semble être au complet, personne n’est en retard pour les premiers vols programmés,
On s’embrasse, se présentent (pour ceux et celles que l’on découvre pour la première fois) et l’heure de choisir qui qui fait quoi arrive, car au menu il y a du choix, Planeur, avion, ULM et voltige. Mais ce sera la voltige aérienne qui aura le plus grand succès.
Arrive l’heure du premier vol. André (le pilote), Brigitte, une autre personne (que je ne connais pas) et moi, nous embarquons dans l’avion après qu’André nous ait expliqué où poser les pieds sur l’aile pour accéder à la cabine. Je suis surpris par son étroitesse, car la dernière fois que j’étais monté sur ce type d’avion, il y a déjà une trentaine d’année, la place entre le pilote et le passager était bien plus large, occupé par les manettes des volets. Ici la manette des volets correspond à une simple tige en métal, du même type que les voitures anciennes de collection.
Je suis heureux de pouvoir prendre le siège avant droit, ce qui me permettra de me re-familiariser avec les instruments du tableau de bord, mes heures de simulateur sur ordi remontent déjà à plus d’un an mais c’est comme le vélo, ça revient vite.
Check-list, moteur. L’hélice s’ébroue, nous roulons vers la piste. Le décollage se déroule (les doigts dans le nez) c’est une expression, vous aurez compris : André avait bien les doigts sur le manche. L’avion monte doucement en altitude, l’air est chaud et cela n’aide pas. André vol évidement en VFR (vol à vue) et nous grimpons lentement pour atteindre une altitude de 4800 pieds (mais comme j’ai ma mémoire qui flanche, je suis plus très sûr de notre altitude de croisière, je dis ça à la louche) mais aucune importance, le simple fait d’arrêter la montée soulage vite le moteur et permet à la température d’huile de commencer à baisser. On peut alors voir le nombre de maisons qui possèdent une piscine sur Morestel, mais comme je ne suis pas inspecteur des impôts, je n’ai pas compté. :-) Nous avons tous un casque, ce qui permet de communiquer entre nous. André prévient de son arrivé au contrôle aérien, nous serons donc surveillés au radar… Ceinture et Bretelle, on n’est jamais trop prudent quand on est dans les airs. Notre commandant de bord entame un premier virage pour se diriger en direction du lac du Bourget et nous informe de tout ce que nous voyons aux alentours. Nous passons au-dessus du Rhône et son canal de dérivation, frontière naturelle entre l’Ain et la Savoie.
La main de Dieu (d'André : le pilote mais qui est maître à bord après Dieu)
Point de Mont-Blanc à l’horizon, ce jour-là, une brume masquait la chaine des Alpes. Peu après nous survolons le Mont du chat. Pas de gros rapaces en vue, juste des parapentes inoffensifs qui sont en contrebas. Sur nos 9h00, la dent du chat se dresse, magnifique. Puis nous apercevons enfin le Lac du Bourget, que nous longerons en le laissant sur nos 3h00 (sur notre gauche) et sur nos 9h00 (sur notre droite) le mont du chat à une distance de sécurité afin d’éviter les rabattant et autre turbulences provoqués par le relief.
André nous montre l’Abbaye d'Hautecombe et tant d’autres choses que j’ai déjà oubliés. Il est temps de revenir sur l’aérodrome, nous obliquons cap sur Morestel pour entamer la descente. Le régime moteur diminue, l’aiguille du variomètre entame sa course dans le sens antihoraire. L’aérodrome est en vue, nous passons en vent arrière avant de nous aligner dans l’axe de la piste. Les volets sont abaissés (mais sur ce point ; je n’ai même pas vu André le faire) mais ma parano naturelle refaisant surface, un rapide coup d’œil sur les ailes, me confirme que tout est OK. Nous sommes déjà sur le glide, et alors que nous ne sommes plus qu’à environ 200 pieds (je dis-ça à la louche) mais ont était pas bien haut, une jolie rafale fait ripper, l’espace d’un instant, notre avion. Pour un novice comme moi, cela surprend toujours, pour André qui a l’habitude, c’est de la routine. L’avion revient dans l’axe, grâce au léger coup de manche du pilote pour compenser l’inclinaison de l’avion. L’alarme de décrochage se manifeste à plusieurs reprise (tout ce qu’il a de plus normal) mais si on ne sait pas de quoi il s’agit, ça peut faire flipper. André entame son approche, compense régulièrement avec les gaz pour rester à la bonne vitesse et nous offre en final un jolie kiss landing (un atterrissage doux comme un baiser) Nous sommes à nouveau sur le planchez des vaches à rouler sur la piste, cela secoue forcément un peu, point de macadam sur cet aérodrome, c’est de l’herbe juste un peu tondue.
Ce vol fut trois quart d’heure de bonheur qui m’ont paru une éternité.
Mon corps était sur terre, mais mon cerveau était encore dans les nuages. Il me fallut un petit temps d’adaptation pour que j’atterrisse réellement. Ça doit surement avoir un nom en psychologie cognitive…
Les vols vont s’enchainer, afin que tous ceux présent puissent partir en l’air, pour certain ce sera même un baptême. André fera 4 rotations (si mes souvenirs sont bon) Cette année point de planeur ni d’ULM, par contre la voltige aérienne (une première au programme) fut un vrai succès. Il suffisait de voir la banane qu’affichaient ceux qui revenaient après leur tour de grand-huit puissance 2. Ayant déjà expérimenté la chose, je comprenais leur joie d’avoir éprouvé des sensations qui sont exceptionnelles (et le mot est faible). Chapeau au pilote de voltige, car je ne sais pas combien de rotation il a effectué ce jour-là. Mais visiblement, il n’était pas fatigué, car en fin de journée, il est reparti en solo, juste pour une petite démonstration.
Ma nouvelle triumph attire forcement l’attention, chacun y va de sa petite note, on s’assoit dessus pour voir ce que ça donne, on papote moto comme toujours. Gamain était venu avec sa nouvelle moto : Une GS adventure. Versus la Triumph, on avait 2 motos réunies côte à côte pour 2 philosophies diamétralement opposées. L’un des tenanciers de l’aéroclub (le remorqueur des planeurs) a cru bon de comparer la Triumph Bonneville Speedmaster et la BMW en opposant la grâce de la ballerine so britich à la teutonne, dont l’esthétique lui rappelait le célèbre Panzer allemand. Le trait était bien gras, forcément… On a bien rigolé ! C’était le but.
Vient vite l’heure de préparer le BBQ. C’est Yansandan (pseudo), autre membre du forum, qui s’y colle. J’aide (à l’aide de mon briquet) à allumer le feu, mais rassurez-vous, ma petite contribution s’arrêtera là, car notre chef cuistot (bien qu’amateur) maitrise tellement bien son sujet, qu’il n’a besoin de personne pour assurer le démarrage du feu, ni même pour entretenir la braise.
Je découvre par la suite, qu’il a son pulvérisateur, pour éviter que les flammes ne brulent les merguez et le poulet. On n’est plus dans l’amateurisme, nous avons à faire à un pro.
Les convives en profitent pendant ce temps de préparation (pour avoir des bonnes braises, c’est long le démarrage d’un BBQ) pour se désaltérer avec un petit blanc bien frais, pendant que notre maitre cuistot, lui se « rafraîchit » auprès d’un barbeurk, qui ajoute de la chaleur à la chaleur de la journée. On n’avait beau être à l’ombre de la glycine, auprès des braises il faisait bien chaud. Mais ce sacrifice en valait la peine car le poulet de chez Azzouz (un des meilleurs boucher de Lyon) était divinement cuit, jamais je n’avais dégusté une chaire de poulet qui fondait littéralement dans la bouche, une pure merveille. Ce poulet a fait l’unanimité. Je ne sais pas ce que fait le guide Michelin, mais les ripailles Aéronautiques devraient y figurer.
En sirotant le Xème verres de ce petit vin blanc bien frais, gouleyant à souhait, je fus saisi d’une pensée : Les ripailles aéronautiques, c’est avant tout une joyeuse ambiance familiale, les jeunes enfants courent dans tous les sens, ça met de la vie et cela me rappelle les fêtes en famille. Ceux qui se connaissent ont l’occasion de se retrouver, les nouveaux de découvrir les membres du forum et si on est en plus passionné d’aéronautique, on apprend une foultitude de choses en discutant avec les membres de l’aéroclub.
La soirée se termine, c’est l’heure de nous quitter, nous sommes quelques un(e) à profiter de l’hospitalité d’André pour la nuit. André m’avait dit en début de soirée, que nous rentrions tous en voiture et que je pouvais laisser ma moto à l’aéroclub, ce que je fis. Cette bonne nouvelle m’a permis de dépasser les deux verres réglementaires et de pouvoir ainsi profiter pleinement de la soirée.
Après 10 minutes de route, nous arrivons dans la maison de campagne d’André, située à 10 minutes de l’aérodrome. André et sa femme nous font découvrir leur maison, ainsi qu’une magnifique cave voutée, que je n’ai malheureusement pas pu voir, car j’avais déjà enlevé une de mes chaussures, et je ne me voyais pas descendre les escaliers tel le bossu de Notre Dame. Nos chambres sont distribuées, je partagerai la mienne avec Dr.X (pseudo) un nouveau membre du forum que je rencontrai pour la première fois (pour ceux qui n’ont pas tous suivi).
Après une bonne douche, ce fût coucouche panier. Nous mettons nos réveils respectif Dr.X et moi (avec 5 minutes de décalage) afin d’être certain de se réveiller. Dr.X s’endort presqu’instantanément et cela a toujours le don de m’énerver, moi qui met si longtemps à m’endormir. Et comment savais-je qu’il dormait déjà ? Bonne question. Par un festival sonore, non pas un ronflement mais plutôt composé d’un premier bruit de locomotive à vapeur (exactement le même « pfeuu » que fait ma femme en dormant, mais pas toute la nuit, faut pas déconner !) suivi juste après d’un râle façon « brame du cerf en rut » et pour finir sur un grognement de type sanglier… Trois sonorités qui s’enchainaient de manière régulières tel un métronome. Ma technique pour m’endormir dans ces cas-là et de calquer le bruit sur une image mentale. Avec le son de la locomotive à vapeur, c’est simple, il suffit de s’imaginer en Jean Gabin dans la bête humaine (entrainement que j’ai avec le « pfeuu » que peut faire ma femme en dormant). Mais le « pfeuu » de Dr.X était systématiquement accompagné de deux autres bruits, qui évoquait plutôt celui de la forêt peuplée de cerfs et de sangliers. Je devais donc m’imaginer à bord de ma locomotive à vapeur, traversant la forêt en pleine nuit en éclairant de ses phares les cerfs et les sangliers sur les bords de la voie. Une image mentale que j’eu du mal à maintenir. Finalement, la fatigue a eu son dernier mot et le sommeil cette nuit-là fut réparateur.
A suivre…
Dernière édition par Freuxeu le Jeu 14 Sep 2023 - 13:57, édité 6 fois
Freuxeu- Messages : 264
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Re: Une Bonneville Speedmaster pour un rodage et des ripailles aéronautiques
Freuxeu a écrit:Une image mentale que j’eu du mal à maintenir
André doit avoir la main légère sur le manche, car en général les non initiés ont du mal à se remettre d’un vol en petit coucou…
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Re: Une Bonneville Speedmaster pour un rodage et des ripailles aéronautiques
[ Petit carnet de voyage sur six jours (six épisodes)]
Dimanche ...
Une jolie jeune femme en robe de soie rouge, moulante à souhait, s’apprête à traverser sur un passage piéton. Je m’arrête pour la laisser passer, elle me rappelle une femme que je connais, cela me reviens enfin, c’est ma chirurgienne (vous vous souvenez, la sœur d’Adriana Karembeu*) elle se tourne vers moi, me sourit et me dit : Mr Montfrey, comment va votre épaule… mais chose étrange, elle me le dit en chantant sur une mélodie qui m’est inconnu.
J’émerge doucement, la mélodie venait du réveil de Dr.X (pseudo), premier à se déclencher. Mon rêve se délite inexorablement, j’émerge doucement d’un sommeil profond. Dr.X éteint son réveil. Je reste dans mon lit, attendant la douce mélodie de mon téléphone qui devait se déclencher 5 minutes après. 5 minutes pour émerger avant de me préparer pour être à l’heure pour le petit-déjeuner. La mélodie de mon téléphone ne semble pas avoir réveillé Dr.X. Je me lève pour vérifier, il dort profondément. Bon, me dis-je, il se réveillera surement naturellement, si par malheur, 20 minutes avant le départ, on ne le voit pas descendre, j’irai le réveiller.
Après avoir fait mes bagages et remis le lit en état, je descends et découvre André et sa femme, H2O (pseudo) et sa femme en train de prendre leur petit-déjeuner dehors sur la terrasse. Après les mots rituels que l’on s’échange le matin au réveil, je prends un délicieux petit-déjeuner sous un soleil qui commence à chauffer. Je vais chercher ma casquette, mais je réalise que je l’ai mise dans la sacoche de réservoir laissée à l’aéroclub. André déploie le parasol, afin que nous soyons à l’ombre. Il parait endommagé, André me confirme que ses petits enfants ont joués avec, point de manivelle, mais en tirant sur la corde, il se déploie. H2O remarque que la maison d’en face est faite en pisé. Ne connaissant pas ce mot, il m’explique que c’est une technique ancienne faite d’un mélange de liants et d'agrégats dont j’ai oublié la composition, qui permettaient la construction des murs. Ayant lui-même réalisé ce type de construction, il connait bien la technique et me l’explique avec moult détails.
Le temps passe vite et nous devons nous préparer à partir. Dr.X heureusement est descendu entre temps, je n’ai donc pas eu besoin de le secouer.
Nous prenons les deux voitures, comme à l’aller, pour rejoindre l’aéroclub. André nous précèdera avec sa moto.
Sur place, tous les participants à la sortie sont déjà présent.
Brigitte (Membre du forum) veut faire une photo de groupe avec les motos alignées. Elle me demande de mettre ma Triumph au côté des autres, celle-ci étant encore sagement garé près d’un hangar de l’aéroclub où elle avait passé la nuit. Je m’exécute, les motos sont toutes alignées. La séance des photos peut commencer.
Ma Triumph tout au fond, perdue dans un troupeau de teutonnes.
J’avais décidé de ne pas faire la sortie, mais juste de les rejoindre au resto. Mon excuse était un poignet encore douloureux et je me souvenais encore de la grimace qu’avait fait la tenancière de la concession, quand j’avais parlé d’un rodage pouvant dépasser les 1600 kilomètres.
Bref, j’avais une heure devant moi et la seule chose que je ne devais pas oublier, c’était de prendre de l’essence avant de partir, mais aussi de ne pas oublier de remplir ma bouteille d’eau. Je faisais immédiatement un nœud à mon mouchoir (un élastique posé sur la poignée de l’accélérateur et le levier du frein fera l’affaire) Assis à l’ombre de la glycine, Le seul endroit où il fait encore frais, je regarde une dernière fois les avions décoller, je ne m’en lasse pas. A 9h00 le soleil est déjà haut et la température commence à monter, ce sera une journée chaude, dixit la météo avec un bon 38° à l’ombre cet après-midi. Le temps passe vite, il est déjà l’heure de partir.
André m’avait donné l’heure d’arrivée prévu au resto, je connaissais approximativement mon temps de parcours, il était temps de charger tout mon fourbi sur la moto pour Partir. La station du supermarché est déserte, le plein est rapidement fait. Je décide de partir, quand je réalise que je n’ai pas mis mon GPS. Je cherche en vain mon support RAM dans tout le bordel de ma sacoche de réservoir. Je me dis après avoir fouillé partout que ce n’est pas possible de l’avoir perdu. Je décide donc de vider ma sacoche, et après avoir tout vidé, je le trouve enfin tout au fond. Support RAM noir au fond d’une sacoche noire, je ne risquais pas de le voir. (Soupir de soulagement)
Je pouvais enfin partir. Mon TRIPY est enfin prêt, j’ai 10 minutes de retard sur le timing, mais j’avais prévu une grosse marge, ce n’était donc pas bien grave. Une grosse marge, car j’avais prévu d’arriver un peu en avance et d’un éventuel jardinage, ce qui évidement arriva. Dans le village du Pont-de-Beauvoisin, une erreur de WP, me fait partir dans la direction opposée, mais comme cela n’avait rien de logique, ne pouvant pas me diriger à l’opposé du Massif de Chartreuse, j’ai rapidement compris que Saint-Pierre-d’Entremont ne pouvait pas se trouver dans la direction indiquée par mon Waypoint.
Je trouve un parking et j’en profite pour boire un ½ litre d’eau, il n’est pas encore midi qu’il fait déjà super chaud. Je ne suis plus très loin du resto, il ne me reste que 12 km à parcourir, mais cette dernière partie sera du très sinueux et je risque de transpirer. Finalement, cette petite route qui tournicote dans tous les sens sera bien à l’ombre, c’est déjà ça.
Pour tournicoter, ça tournicote. Vient forcement ma première épingle négociée pour la première fois avec ma Triumph. Finalement, ça passe, je ne déborderais que de très peu sur la voie d’en face. Pas encore super propre, mais j’avais craint le pire.
Je ne vais pas bien vite mais je finis quand même par rattraper une petite voiture qui se traine encore plus que moi (c’est tout dire) Impossible de la doubler, les virages s’enchainent sans aucune visibilité sur une route pas bien large. D’un côté une paroi rocheuse, de l’autre un précipice, entrecoupé de petits tunnels taillés dans la roche. Le lieu est magnifique et impossible de s’arrêter pour prendre une photo. Condamné à suivre la bagnole qui se traine, je joue la prudence, quand soudain j’entends un barouf d’enfer. Dans mon rétro, j’aperçois trois motard sur des roadsters sportifs qui me foncent dessus et me doublent moi et la bagnole, alors que le prochain virage sans visibilité était à moins de 5 mètres. Et là je me dis : « C’est beau d’avoir la foi… ils ont eu surtout de la chance qu’aucune voiture n’arrive en face ». Et ma petite voix de répondre :». - Ils ont juste oublié de s’acheter un cerveau.
J’arrive enfin à Saint-Pierre-d’Entremont. C’est la fête au village, je suis accueillis par une fanfare. Il y a foule, le village a été pris d’assaut par les voitures, nulle place où stationner. Heureusement, je suis à moto et un bout de trottoir me tend les bras, juste à côté de la passerelle qui mène au restaurant et enjambe une petite rivière.
vue de ma table sur la terrasse du restaurant.
La grande table de 10 couverts réservé par André est vide, je suis le premier arrivé (Normal, j’ai un peu d’avance sur le timing). J’enlève immédiatement ma veste, car il fait très chaud, mais étonnement la terrasse à l’ombre des platanes et la rivière qui génère un petit courant d’air frais, fait que la chaleur ambiante est vite oubliée. Je m’installe à la table et commande au serveur un demi : la première gorgée fut un bonheur absolu. Le cadre est magnifique, la vie est belle.
J’entends le doux bruit d’un flat, puis d’un deuxième, puis trois, quatre cinq et six, je reconnais Gamain (peudo) sur sa GS Adventure, j’ai compté les motos, ils sont au complet. Ils leur restaient juste 6 places à trouver pour se garer.
La table se remplit vite, nous avons faim (et soif aussi). On lit la carte, nous commandons. Il faut quand même un porte-voix pour que le serveur puisse entendre ceux du fond. Toutes les propositions du menu sont alléchantes. J’opte pour du léger en entrée et du solide (en plat) en optant pour belle pièce de bœuf. Le resto s’appelle « l'Herbe Tendre » il n’y avait pas que l’herbe, la viande l’était aussi. Les boissons sont rapidement servies, puis viennent les entrées puis les plats et pour finir les desserts, le tout accompagné de nos conversations. Je suis en face de notre apiculteur (celui du forum) qui me montre une application sur son téléphone qui permet de suivre ses abeilles à distance… on n’arrête pas le progrès.
Le temps passe vite et il est déjà l’heure de nous séparer, car je repars direct sur Lyon. Je dis au revoir en essayant d’oublier personne, je zappe Dr.X mon camarade de chambré.
Ma petite tête de moineau sans plume n’a pas oublié d’appeler sa sœur avant de partir. J’avais promis de l’appeler en partant du resto, mais les promesses avec les étourdis, sont souvent à prendre avec des pincettes, sur le coup j’avais tout bon.
Excepter la séquence de la petite départementale D520c qui serpente à flanc de montagne mais que j’empruntais cette fois ci dans le sens du retour, la rentrée sur Lyon, surtout sur les 50 derniers km, fut une succession de ligne droite entrecoupées de rond-point déserts, qui ne demandaient aucune attention particulière. Ce fût donc très monotone. La chaleur était écrasante et heureusement le trafic routier quasi-nul permettait de rouler généreusement et d’aérer les entrées d’air de ma veste.
Et quand il ne se passe rien, perso quand je roule, la pensée vagabonde. Combien de fois je m’étais imaginé au guidon de cette moto, pendant les six mois d’attente. Avec ces 77 bourrins, cette mob est très raisonnable question puissance, un bon point pour conserver ses points de permis, enfin une mob en phase avec les limitations de vitesses qui ne cessent de baisser. Pas très puissante mais avec du couple à bas régime et ça : j'adore. Je me posais la question du confort, avec son débattement relativement « court », mais je suis agréablement surpris. Ce n’est pas pire que ma BMW R1200RS, évidement ce n’est pas un trail et les ralentisseurs sont à prendre avec modération, mais le confort de la selle est très satisfaisant et les 600 bornes déjà parcourus sans avoir mal au cul me conforte sur ce point. Cette "néo-retro" finalement me plait bien, elle est parfaite pour mon gabarit de nain. Je peux enfin enfourcher la belle sans avoir des échasses aux pieds.
C'est le problème quand on est petit et raide comme un passe lacet, lever la jambe pour enfourcher une selle devenait avec le temps de plus en plus difficile : ce n'est pas beau de vieillir… A 70 cm, ça passe aisément sur la Speedmaster.
Étonnant d'ailleurs ce nom de : Speedmaster, pour une moto dont la philosophie première est de se trainer la bite. Mais j’appris que ce qualificatif avait pris naissance dans les années 60, où le nom "Speedmaster" avait été utilisé par l'importateur américain pour qualifier à l’époque la Bonneville. Ma petite voix me dit que les grincheux vont me dire que je suis en plein dans la mode du mouvement vintage, mais au grincheux, je lui rétorquerai que je m'en tape le coquillard et pis faut pas se mentir, le kéké c'est toujours l'autre, jamais soi-même, sinon y aurait plus de repères, on serait tous perdu. J’entends les autres grincheux casse-couille me dire : les néo-rétro, c'est du fake, le contraire d’une cougar, la néo-rétro : bien que jeune, veut se faire passer pour une vieille, c'est de la triche et gnagnagna et gnagnagna... En même temps lui répondrais-je au grincheux casse-couille tout en restant calme, que dans un monde où le mensonge s'habille souvent en vérité, je suis enfin raccord avec mon époque.
Une pompe à essence me fait sortir de mes pensées, il fallait que je ravitaille. Et s’il fallait lui trouver un gros défaut, c’est bien son autonomie, à croire qu’aux States, il y a une station à tous les coins de rue.
La rentrée sur la banlieue de Lyon me parut interminable, avec les zones 30 et les feux, priant à chaque fois qu’ils passent au vert afin d’éviter que je m’arrête, car la chaleur devenait irrespirable et chaque arrêt un enfer. Je croise un jeune motard en chemisette, lui au moins n’avait pas trop chaud, mais de là à jouer au con et rouler presque à poil : faut pas déconner.
J’arrive enfin chez ma sœur. Je suis rincé au sens propre comme au figuré. Sous ma veste mon polo est trempé, je serai tombé dans la piscine que je n’aurai pas été autant mouillé.
Nous dinons sur la terrasse et terminons le petit millésime que j’avais apporté. Le soir tombe et l’air commence à se rafraichir, un nuage gigantesque barre tout l’horizon.
Les nuages, c'est toujours plus grand quand on les voit en vrai...
La soirée ne s’éternisera pas, le canapé lit qui était resté déployé ne tarda pas à m’accueillir et ce soir-là, le sommeil ne fut pas long à arriver.
A suivre …
*voir épisode 1
Dimanche ...
Une jolie jeune femme en robe de soie rouge, moulante à souhait, s’apprête à traverser sur un passage piéton. Je m’arrête pour la laisser passer, elle me rappelle une femme que je connais, cela me reviens enfin, c’est ma chirurgienne (vous vous souvenez, la sœur d’Adriana Karembeu*) elle se tourne vers moi, me sourit et me dit : Mr Montfrey, comment va votre épaule… mais chose étrange, elle me le dit en chantant sur une mélodie qui m’est inconnu.
J’émerge doucement, la mélodie venait du réveil de Dr.X (pseudo), premier à se déclencher. Mon rêve se délite inexorablement, j’émerge doucement d’un sommeil profond. Dr.X éteint son réveil. Je reste dans mon lit, attendant la douce mélodie de mon téléphone qui devait se déclencher 5 minutes après. 5 minutes pour émerger avant de me préparer pour être à l’heure pour le petit-déjeuner. La mélodie de mon téléphone ne semble pas avoir réveillé Dr.X. Je me lève pour vérifier, il dort profondément. Bon, me dis-je, il se réveillera surement naturellement, si par malheur, 20 minutes avant le départ, on ne le voit pas descendre, j’irai le réveiller.
Après avoir fait mes bagages et remis le lit en état, je descends et découvre André et sa femme, H2O (pseudo) et sa femme en train de prendre leur petit-déjeuner dehors sur la terrasse. Après les mots rituels que l’on s’échange le matin au réveil, je prends un délicieux petit-déjeuner sous un soleil qui commence à chauffer. Je vais chercher ma casquette, mais je réalise que je l’ai mise dans la sacoche de réservoir laissée à l’aéroclub. André déploie le parasol, afin que nous soyons à l’ombre. Il parait endommagé, André me confirme que ses petits enfants ont joués avec, point de manivelle, mais en tirant sur la corde, il se déploie. H2O remarque que la maison d’en face est faite en pisé. Ne connaissant pas ce mot, il m’explique que c’est une technique ancienne faite d’un mélange de liants et d'agrégats dont j’ai oublié la composition, qui permettaient la construction des murs. Ayant lui-même réalisé ce type de construction, il connait bien la technique et me l’explique avec moult détails.
Le temps passe vite et nous devons nous préparer à partir. Dr.X heureusement est descendu entre temps, je n’ai donc pas eu besoin de le secouer.
Nous prenons les deux voitures, comme à l’aller, pour rejoindre l’aéroclub. André nous précèdera avec sa moto.
Sur place, tous les participants à la sortie sont déjà présent.
Brigitte (Membre du forum) veut faire une photo de groupe avec les motos alignées. Elle me demande de mettre ma Triumph au côté des autres, celle-ci étant encore sagement garé près d’un hangar de l’aéroclub où elle avait passé la nuit. Je m’exécute, les motos sont toutes alignées. La séance des photos peut commencer.
Ma Triumph tout au fond, perdue dans un troupeau de teutonnes.
J’avais décidé de ne pas faire la sortie, mais juste de les rejoindre au resto. Mon excuse était un poignet encore douloureux et je me souvenais encore de la grimace qu’avait fait la tenancière de la concession, quand j’avais parlé d’un rodage pouvant dépasser les 1600 kilomètres.
Bref, j’avais une heure devant moi et la seule chose que je ne devais pas oublier, c’était de prendre de l’essence avant de partir, mais aussi de ne pas oublier de remplir ma bouteille d’eau. Je faisais immédiatement un nœud à mon mouchoir (un élastique posé sur la poignée de l’accélérateur et le levier du frein fera l’affaire) Assis à l’ombre de la glycine, Le seul endroit où il fait encore frais, je regarde une dernière fois les avions décoller, je ne m’en lasse pas. A 9h00 le soleil est déjà haut et la température commence à monter, ce sera une journée chaude, dixit la météo avec un bon 38° à l’ombre cet après-midi. Le temps passe vite, il est déjà l’heure de partir.
André m’avait donné l’heure d’arrivée prévu au resto, je connaissais approximativement mon temps de parcours, il était temps de charger tout mon fourbi sur la moto pour Partir. La station du supermarché est déserte, le plein est rapidement fait. Je décide de partir, quand je réalise que je n’ai pas mis mon GPS. Je cherche en vain mon support RAM dans tout le bordel de ma sacoche de réservoir. Je me dis après avoir fouillé partout que ce n’est pas possible de l’avoir perdu. Je décide donc de vider ma sacoche, et après avoir tout vidé, je le trouve enfin tout au fond. Support RAM noir au fond d’une sacoche noire, je ne risquais pas de le voir. (Soupir de soulagement)
Je pouvais enfin partir. Mon TRIPY est enfin prêt, j’ai 10 minutes de retard sur le timing, mais j’avais prévu une grosse marge, ce n’était donc pas bien grave. Une grosse marge, car j’avais prévu d’arriver un peu en avance et d’un éventuel jardinage, ce qui évidement arriva. Dans le village du Pont-de-Beauvoisin, une erreur de WP, me fait partir dans la direction opposée, mais comme cela n’avait rien de logique, ne pouvant pas me diriger à l’opposé du Massif de Chartreuse, j’ai rapidement compris que Saint-Pierre-d’Entremont ne pouvait pas se trouver dans la direction indiquée par mon Waypoint.
Je trouve un parking et j’en profite pour boire un ½ litre d’eau, il n’est pas encore midi qu’il fait déjà super chaud. Je ne suis plus très loin du resto, il ne me reste que 12 km à parcourir, mais cette dernière partie sera du très sinueux et je risque de transpirer. Finalement, cette petite route qui tournicote dans tous les sens sera bien à l’ombre, c’est déjà ça.
Pour tournicoter, ça tournicote. Vient forcement ma première épingle négociée pour la première fois avec ma Triumph. Finalement, ça passe, je ne déborderais que de très peu sur la voie d’en face. Pas encore super propre, mais j’avais craint le pire.
Je ne vais pas bien vite mais je finis quand même par rattraper une petite voiture qui se traine encore plus que moi (c’est tout dire) Impossible de la doubler, les virages s’enchainent sans aucune visibilité sur une route pas bien large. D’un côté une paroi rocheuse, de l’autre un précipice, entrecoupé de petits tunnels taillés dans la roche. Le lieu est magnifique et impossible de s’arrêter pour prendre une photo. Condamné à suivre la bagnole qui se traine, je joue la prudence, quand soudain j’entends un barouf d’enfer. Dans mon rétro, j’aperçois trois motard sur des roadsters sportifs qui me foncent dessus et me doublent moi et la bagnole, alors que le prochain virage sans visibilité était à moins de 5 mètres. Et là je me dis : « C’est beau d’avoir la foi… ils ont eu surtout de la chance qu’aucune voiture n’arrive en face ». Et ma petite voix de répondre :». - Ils ont juste oublié de s’acheter un cerveau.
J’arrive enfin à Saint-Pierre-d’Entremont. C’est la fête au village, je suis accueillis par une fanfare. Il y a foule, le village a été pris d’assaut par les voitures, nulle place où stationner. Heureusement, je suis à moto et un bout de trottoir me tend les bras, juste à côté de la passerelle qui mène au restaurant et enjambe une petite rivière.
vue de ma table sur la terrasse du restaurant.
La grande table de 10 couverts réservé par André est vide, je suis le premier arrivé (Normal, j’ai un peu d’avance sur le timing). J’enlève immédiatement ma veste, car il fait très chaud, mais étonnement la terrasse à l’ombre des platanes et la rivière qui génère un petit courant d’air frais, fait que la chaleur ambiante est vite oubliée. Je m’installe à la table et commande au serveur un demi : la première gorgée fut un bonheur absolu. Le cadre est magnifique, la vie est belle.
J’entends le doux bruit d’un flat, puis d’un deuxième, puis trois, quatre cinq et six, je reconnais Gamain (peudo) sur sa GS Adventure, j’ai compté les motos, ils sont au complet. Ils leur restaient juste 6 places à trouver pour se garer.
La table se remplit vite, nous avons faim (et soif aussi). On lit la carte, nous commandons. Il faut quand même un porte-voix pour que le serveur puisse entendre ceux du fond. Toutes les propositions du menu sont alléchantes. J’opte pour du léger en entrée et du solide (en plat) en optant pour belle pièce de bœuf. Le resto s’appelle « l'Herbe Tendre » il n’y avait pas que l’herbe, la viande l’était aussi. Les boissons sont rapidement servies, puis viennent les entrées puis les plats et pour finir les desserts, le tout accompagné de nos conversations. Je suis en face de notre apiculteur (celui du forum) qui me montre une application sur son téléphone qui permet de suivre ses abeilles à distance… on n’arrête pas le progrès.
Le temps passe vite et il est déjà l’heure de nous séparer, car je repars direct sur Lyon. Je dis au revoir en essayant d’oublier personne, je zappe Dr.X mon camarade de chambré.
Ma petite tête de moineau sans plume n’a pas oublié d’appeler sa sœur avant de partir. J’avais promis de l’appeler en partant du resto, mais les promesses avec les étourdis, sont souvent à prendre avec des pincettes, sur le coup j’avais tout bon.
Excepter la séquence de la petite départementale D520c qui serpente à flanc de montagne mais que j’empruntais cette fois ci dans le sens du retour, la rentrée sur Lyon, surtout sur les 50 derniers km, fut une succession de ligne droite entrecoupées de rond-point déserts, qui ne demandaient aucune attention particulière. Ce fût donc très monotone. La chaleur était écrasante et heureusement le trafic routier quasi-nul permettait de rouler généreusement et d’aérer les entrées d’air de ma veste.
Et quand il ne se passe rien, perso quand je roule, la pensée vagabonde. Combien de fois je m’étais imaginé au guidon de cette moto, pendant les six mois d’attente. Avec ces 77 bourrins, cette mob est très raisonnable question puissance, un bon point pour conserver ses points de permis, enfin une mob en phase avec les limitations de vitesses qui ne cessent de baisser. Pas très puissante mais avec du couple à bas régime et ça : j'adore. Je me posais la question du confort, avec son débattement relativement « court », mais je suis agréablement surpris. Ce n’est pas pire que ma BMW R1200RS, évidement ce n’est pas un trail et les ralentisseurs sont à prendre avec modération, mais le confort de la selle est très satisfaisant et les 600 bornes déjà parcourus sans avoir mal au cul me conforte sur ce point. Cette "néo-retro" finalement me plait bien, elle est parfaite pour mon gabarit de nain. Je peux enfin enfourcher la belle sans avoir des échasses aux pieds.
C'est le problème quand on est petit et raide comme un passe lacet, lever la jambe pour enfourcher une selle devenait avec le temps de plus en plus difficile : ce n'est pas beau de vieillir… A 70 cm, ça passe aisément sur la Speedmaster.
Étonnant d'ailleurs ce nom de : Speedmaster, pour une moto dont la philosophie première est de se trainer la bite. Mais j’appris que ce qualificatif avait pris naissance dans les années 60, où le nom "Speedmaster" avait été utilisé par l'importateur américain pour qualifier à l’époque la Bonneville. Ma petite voix me dit que les grincheux vont me dire que je suis en plein dans la mode du mouvement vintage, mais au grincheux, je lui rétorquerai que je m'en tape le coquillard et pis faut pas se mentir, le kéké c'est toujours l'autre, jamais soi-même, sinon y aurait plus de repères, on serait tous perdu. J’entends les autres grincheux casse-couille me dire : les néo-rétro, c'est du fake, le contraire d’une cougar, la néo-rétro : bien que jeune, veut se faire passer pour une vieille, c'est de la triche et gnagnagna et gnagnagna... En même temps lui répondrais-je au grincheux casse-couille tout en restant calme, que dans un monde où le mensonge s'habille souvent en vérité, je suis enfin raccord avec mon époque.
Une pompe à essence me fait sortir de mes pensées, il fallait que je ravitaille. Et s’il fallait lui trouver un gros défaut, c’est bien son autonomie, à croire qu’aux States, il y a une station à tous les coins de rue.
La rentrée sur la banlieue de Lyon me parut interminable, avec les zones 30 et les feux, priant à chaque fois qu’ils passent au vert afin d’éviter que je m’arrête, car la chaleur devenait irrespirable et chaque arrêt un enfer. Je croise un jeune motard en chemisette, lui au moins n’avait pas trop chaud, mais de là à jouer au con et rouler presque à poil : faut pas déconner.
J’arrive enfin chez ma sœur. Je suis rincé au sens propre comme au figuré. Sous ma veste mon polo est trempé, je serai tombé dans la piscine que je n’aurai pas été autant mouillé.
Nous dinons sur la terrasse et terminons le petit millésime que j’avais apporté. Le soir tombe et l’air commence à se rafraichir, un nuage gigantesque barre tout l’horizon.
Les nuages, c'est toujours plus grand quand on les voit en vrai...
La soirée ne s’éternisera pas, le canapé lit qui était resté déployé ne tarda pas à m’accueillir et ce soir-là, le sommeil ne fut pas long à arriver.
A suivre …
*voir épisode 1
Dernière édition par Freuxeu le Jeu 14 Sep 2023 - 13:58, édité 3 fois
Freuxeu- Messages : 264
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Re: Une Bonneville Speedmaster pour un rodage et des ripailles aéronautiques
[ Petit carnet de voyage sur six jours (six épisodes)]
Lundi ...
- Tu veux encore du café ? Oui, je veux bien ! Je bois beaucoup de café le matin. Je vais en refaire, me dit ma soeur. - Non, ne t’embête pas, ça ira comme ça. Mais ma sœur insiste, je laisse faire, c'est moi l'invité.
Il fait déjà chaud sur la terrasse, le soleil est déjà haut, alors qu’il n’est pas encore neuf heure. Je rentre à l’intérieur pour prendre ma casquette. Ma sœur m’indique le seul endroit où l’on peut être à l’ombre sur sa terrasse, une chaise positionnée contre un arbuste planté dans un énorme pot, qui offre le matin un tout petit coin d’ombre. Ma peau de roux, héritage de feu mon père, m’empêche de rester plus de dix minutes au soleil sans commencer à cramer. Je bois ainsi mon café et fume ma pipe dans ce petit espace ombragé. Ma sœur n’avait rien de spécial à faire ce matin, on pouvait prendre son temps.
L’heure de partir arriva rapidement et à 9h50’, je quittais ma sœur qui m’avais accompagné jusqu’à la sortie du Box de son immeuble. Je parcours à peine 500 mètres que je loupe mon premier waypoint, je fais demi-tour pour le récupérer et 1 km plus loin, rebelote, je me goure à nouveau et petit jardinage pour repartir dans la bonne direction. Hormis ce petit contretemps, la sortie de Lyon se fait sans difficulté et je quitte enfin la capitale des Gaules.
A Chervinges, petit village situé sur la D31, un bar tabac me tend les bras, je fais ma première pause. Au comptoir, trois personne qui visiblement se connaissent bien, sont déjà au petit blanc. Pour moi ce sera juste un café (je n’avais pas eu ma dose chez ma sœur). J’accompagne mon café d’un cigarillo. La température commence à monter, j’en profite pour boire aussi de l’eau.
Je poursuis sur la D76, puis la D504 et la D19 ou sur mon WP 49, je devais prendre sur la droite. Un panneau m’indique que la route est barrée pour cause de travaux. Le beau jardinage en sortie de Nevers * m’est resté dans un coin de ma petite tête de moineau sans plume et je décide de tenter le coup en prenant quand même la route, de toute façon : je verrai bien. Déjà 1 km de parcouru et pas l’ombre de travaux mais arrivant sur le village de Saint-Etienne-des-Oullières, je trouve enfin la route barrée. Heureusement, le WP m’indique que je dois bifurquer sur ma gauche juste avant. Finalement, j’avais pris la bonne option.
La D43, sera de longue lignes droites entrecoupées de beaux virages au milieux d’un paysage composé de vignoble, logique : je suis dans le Beaujolais. J’avais repéré entre Cercié et Quincié-en-Beaujolais, une Auberge sur la D337. Bien qu’un peu en avance sur l’heure du déjeuner, je décide de m’y arrêter. J’en profite avant d’y entrer, de fumer un cigarillo, d’attacher mon sac à la moto et de consulter mon téléphone.
Je décide finalement vers midi d’y entrer. La salle à manger de l’Auberge est déserte mais je mets cela sur le compte de l’heure « matinale » de mon arrivée. Une femme corpulente arrive et je lui demande si l’on peut manger. A sa réponse affirmative, je prends la table qui me convient : je peux ainsi avoir une vue sur ma Triumph à travers la baie vitrée.
Comme il n’avait pas de bière en pression, j’ai pris une demi-bouteille provenant d’une ville italienne de Lombardie bien connue pour son eau pétillante. La truite que j’avais commandé, arrive très rapidement. Mais la truite n’avait pas été élevée en plein air et nourrit au bon grain, non, ça c’est pour le poulet, enfin vous m’avez compris, elle n’était pas sauvage et nourrit à la farine de poisson, sa chaire était fade ainsi que la sauce qui l’accompagnait, j’étais à mille lieux de celle que j’avais mangé à l’ « Auberge Gourmande » de Gilly-sur-Loire.* L’Auberge du Pont des Samsons a évité de rajouter à son nom ; relais gastronomique, à raison. Je prends un café, paie l’addition et en prenant ma sacoche de réservoir, tout se déverse par terre, j’avais juste oublié de la fermer, heureusement j’étais seul dans la salle. Le temps de tous remettre dans le désordre, le cuisinier arrive, aussi plantureux que sa femme, un homme de ma génération. Il me dit bonjour. Il vient voir ma moto, car c’est aussi un motard, j’espère qu’il est meilleur sur sa moto que derrière son fourneau, me dit ma petite voix. On engage la conversation, j’apprends qu’il a une Guzzi California et que sa précédente moto était une Suzuki RG500 Gamma. Question changement, on était plus dans le grand écart facial, j’étais battu sur ce coup-là. Il trouve ma moto super belle, il ne connaissait que l’ancienne version de la Speedmaster mais pas ce « nouveau « model » On discute moto, puis répression routière et à la fin, on était pas loin de refaire le monde, il était temps de reprendre la route.
Ma pause avait bien durée une bonne heure et demi, mais je pouvais prendre mon temps, mon étape d’aujourd’hui ne faisait que 262 km, avec une bonne moitié sur de la grosse départementale. Je poursuivais la D337, longue ligne droite jusqu’à Morne où j’emprunte la D26 qui sera bien viroleuse sur 15 km, qui traverse des sous-bois apportant leurs zones de fraicheur. Je commence malgré tout à avoir chaud et décide une pause flotte à Bourgvilain, un petit village traversé par la petite départementale D212.
Les escaliers de l’Auberge Larochette qui est fermée ce jour-là, me permettent de m’assoir à l’ombre, le parking de l’Eglise étant en plein cagnard. Après avoir vidé la moitié de ma bouteille d’eau, je fume un petit cigarillo. Pas un bruit, pas âme qui vivent, l’air est chaud, sur l’escalier d’en face un lézard gravit les marches puis s’arrête immobile, surpris de me voir.
Je continue ma route en prenant la D22 puis la D981, passe sous la N79 pour emprunter la D980. De longues ligne droite parfois entrecoupées de grandes courbes, ou je suis seul sur une route en bonne état, me permettent de dépasser légèrement les limites légales des vitesses autorisées, le moteur ronronne vers les 3000 tours, je suis bien, je profite des grandes lignes droites pour actionner le « Cruise control » afin de soulager mon poignet, quand je vois au loin (à environ 1 km) au groupe d’une quinzaine de cavaliers qui traversent la départementale.
Je ralentis, met les warnings, regarde dans mes rétros, aucune voiture derrière moi. Une femme portant un gilet jaune est positionnée au milieu de la route pour faire passer les chevaux. Je me rapproche : je suis encore à 500 mètres, quand un cheval (l’un des derniers du groupe) traverse la route un peu plus rapidement que les autres, glisse et tombe sur le macadam. Le cheval se redresse quasi-instantanément, mais la très jeune cavalière, elle, a fait une mauvaise chute. J’arrive à la hauteur de l’accompagnatrice, à vitesse réduite afin de ne pas effrayer les chevaux et lui demande, voyant la gamine hurler de douleur, si elle n’a pas besoin d’aide. (Le casque modulable est bien pratique pour s’adresser au gens quand on est à moto). L’accompagnatrice, une petite femme boulotte, me regarde avec des yeux de Merlan frit sans me répondre. A croire que tu lui as parlé en Serbo-croate, me dit ma petite voix. La gamine continue de hurler en se tenant l’épaule, (je comprends ce qu’elle doit endurer, cela me remémore ma récente fracture de l’épaule après une mauvaise chute à trottinette) Je suis très étonné par la réaction de l’accompagnatrice qui ignore totalement la gamine, se contentant juste de tenir les rênes du cheval de la petite fille qui venait de chuter. Je redémarre, et remonte la file des cavaliers toujours à allure modérée afin de ne pas effrayer les chevaux. Les cavaliers sont tous de jeunes enfants qui ne s’étaient pas rendu compte de ce qui s’était passé à l’arrière de leur groupe.
Les chevaux sont déjà dans mes rétros, que j’accélère doucement pour retrouver ma vitesse de croisière, mais je repense à l’évènement et je n’ai toujours pas compris le comportement de cette accompagnatrice vis-à-vis de cette gamine qui visiblement avait vraiment mal et son refus de tout aide de ma part.
Je passe par-dessus la N80 et continue par la D170 / D48 pour récupérer la D109 en prenant juste avant un bout de D978. A Sachagne-Montrachet je récupère la D906 (ex N6) une très belle départementale faite de grandes courbes, entrecoupé de longues lignes droites monotones, mais qui permettent d’avancer. A Arnay-le-Duc, mon waypoint m’indique une station-service que j’avais repéré sur le parcours. Je fais le plein. Une Road Glide préparée d’une façon improbable (pléonasme me glisse ma petite voix à l’oreille) vient prendre de l’essence peu après moi. Le motard, porte une chemise à carreau, raccord avec sa moto, je le salue de la tête, sans réponse de sa part. Suis-je con, je ne roule pas en Harley.
Je ne suis plus qu’à une trentaine de Kilomètre de l’auberge où je passerai la nuit, donc à une trentaine de minutes à tout casser. A Saulieu, je quitte la D109, pour enquiller la D977bis, puis la D106 / D225 pour enfin rejoindre la D226, une petite départementale qui me mènera directement devant la « Vieille Auberge du lac » situé à Saint Agnan, un petit hameau de 129 habitants situé près d’un lac, au cœur du parc naturel régional du Morvan.
Le cadre idéal pour un diner au calme et se reposer.
Je béquille la moto sur le parking de l’auberge, il est 18h20
A suivre...
*voir épisode 2
Lundi ...
- Tu veux encore du café ? Oui, je veux bien ! Je bois beaucoup de café le matin. Je vais en refaire, me dit ma soeur. - Non, ne t’embête pas, ça ira comme ça. Mais ma sœur insiste, je laisse faire, c'est moi l'invité.
Il fait déjà chaud sur la terrasse, le soleil est déjà haut, alors qu’il n’est pas encore neuf heure. Je rentre à l’intérieur pour prendre ma casquette. Ma sœur m’indique le seul endroit où l’on peut être à l’ombre sur sa terrasse, une chaise positionnée contre un arbuste planté dans un énorme pot, qui offre le matin un tout petit coin d’ombre. Ma peau de roux, héritage de feu mon père, m’empêche de rester plus de dix minutes au soleil sans commencer à cramer. Je bois ainsi mon café et fume ma pipe dans ce petit espace ombragé. Ma sœur n’avait rien de spécial à faire ce matin, on pouvait prendre son temps.
L’heure de partir arriva rapidement et à 9h50’, je quittais ma sœur qui m’avais accompagné jusqu’à la sortie du Box de son immeuble. Je parcours à peine 500 mètres que je loupe mon premier waypoint, je fais demi-tour pour le récupérer et 1 km plus loin, rebelote, je me goure à nouveau et petit jardinage pour repartir dans la bonne direction. Hormis ce petit contretemps, la sortie de Lyon se fait sans difficulté et je quitte enfin la capitale des Gaules.
A Chervinges, petit village situé sur la D31, un bar tabac me tend les bras, je fais ma première pause. Au comptoir, trois personne qui visiblement se connaissent bien, sont déjà au petit blanc. Pour moi ce sera juste un café (je n’avais pas eu ma dose chez ma sœur). J’accompagne mon café d’un cigarillo. La température commence à monter, j’en profite pour boire aussi de l’eau.
Je poursuis sur la D76, puis la D504 et la D19 ou sur mon WP 49, je devais prendre sur la droite. Un panneau m’indique que la route est barrée pour cause de travaux. Le beau jardinage en sortie de Nevers * m’est resté dans un coin de ma petite tête de moineau sans plume et je décide de tenter le coup en prenant quand même la route, de toute façon : je verrai bien. Déjà 1 km de parcouru et pas l’ombre de travaux mais arrivant sur le village de Saint-Etienne-des-Oullières, je trouve enfin la route barrée. Heureusement, le WP m’indique que je dois bifurquer sur ma gauche juste avant. Finalement, j’avais pris la bonne option.
La D43, sera de longue lignes droites entrecoupées de beaux virages au milieux d’un paysage composé de vignoble, logique : je suis dans le Beaujolais. J’avais repéré entre Cercié et Quincié-en-Beaujolais, une Auberge sur la D337. Bien qu’un peu en avance sur l’heure du déjeuner, je décide de m’y arrêter. J’en profite avant d’y entrer, de fumer un cigarillo, d’attacher mon sac à la moto et de consulter mon téléphone.
Je décide finalement vers midi d’y entrer. La salle à manger de l’Auberge est déserte mais je mets cela sur le compte de l’heure « matinale » de mon arrivée. Une femme corpulente arrive et je lui demande si l’on peut manger. A sa réponse affirmative, je prends la table qui me convient : je peux ainsi avoir une vue sur ma Triumph à travers la baie vitrée.
Comme il n’avait pas de bière en pression, j’ai pris une demi-bouteille provenant d’une ville italienne de Lombardie bien connue pour son eau pétillante. La truite que j’avais commandé, arrive très rapidement. Mais la truite n’avait pas été élevée en plein air et nourrit au bon grain, non, ça c’est pour le poulet, enfin vous m’avez compris, elle n’était pas sauvage et nourrit à la farine de poisson, sa chaire était fade ainsi que la sauce qui l’accompagnait, j’étais à mille lieux de celle que j’avais mangé à l’ « Auberge Gourmande » de Gilly-sur-Loire.* L’Auberge du Pont des Samsons a évité de rajouter à son nom ; relais gastronomique, à raison. Je prends un café, paie l’addition et en prenant ma sacoche de réservoir, tout se déverse par terre, j’avais juste oublié de la fermer, heureusement j’étais seul dans la salle. Le temps de tous remettre dans le désordre, le cuisinier arrive, aussi plantureux que sa femme, un homme de ma génération. Il me dit bonjour. Il vient voir ma moto, car c’est aussi un motard, j’espère qu’il est meilleur sur sa moto que derrière son fourneau, me dit ma petite voix. On engage la conversation, j’apprends qu’il a une Guzzi California et que sa précédente moto était une Suzuki RG500 Gamma. Question changement, on était plus dans le grand écart facial, j’étais battu sur ce coup-là. Il trouve ma moto super belle, il ne connaissait que l’ancienne version de la Speedmaster mais pas ce « nouveau « model » On discute moto, puis répression routière et à la fin, on était pas loin de refaire le monde, il était temps de reprendre la route.
Ma pause avait bien durée une bonne heure et demi, mais je pouvais prendre mon temps, mon étape d’aujourd’hui ne faisait que 262 km, avec une bonne moitié sur de la grosse départementale. Je poursuivais la D337, longue ligne droite jusqu’à Morne où j’emprunte la D26 qui sera bien viroleuse sur 15 km, qui traverse des sous-bois apportant leurs zones de fraicheur. Je commence malgré tout à avoir chaud et décide une pause flotte à Bourgvilain, un petit village traversé par la petite départementale D212.
Les escaliers de l’Auberge Larochette qui est fermée ce jour-là, me permettent de m’assoir à l’ombre, le parking de l’Eglise étant en plein cagnard. Après avoir vidé la moitié de ma bouteille d’eau, je fume un petit cigarillo. Pas un bruit, pas âme qui vivent, l’air est chaud, sur l’escalier d’en face un lézard gravit les marches puis s’arrête immobile, surpris de me voir.
Je continue ma route en prenant la D22 puis la D981, passe sous la N79 pour emprunter la D980. De longues ligne droite parfois entrecoupées de grandes courbes, ou je suis seul sur une route en bonne état, me permettent de dépasser légèrement les limites légales des vitesses autorisées, le moteur ronronne vers les 3000 tours, je suis bien, je profite des grandes lignes droites pour actionner le « Cruise control » afin de soulager mon poignet, quand je vois au loin (à environ 1 km) au groupe d’une quinzaine de cavaliers qui traversent la départementale.
Je ralentis, met les warnings, regarde dans mes rétros, aucune voiture derrière moi. Une femme portant un gilet jaune est positionnée au milieu de la route pour faire passer les chevaux. Je me rapproche : je suis encore à 500 mètres, quand un cheval (l’un des derniers du groupe) traverse la route un peu plus rapidement que les autres, glisse et tombe sur le macadam. Le cheval se redresse quasi-instantanément, mais la très jeune cavalière, elle, a fait une mauvaise chute. J’arrive à la hauteur de l’accompagnatrice, à vitesse réduite afin de ne pas effrayer les chevaux et lui demande, voyant la gamine hurler de douleur, si elle n’a pas besoin d’aide. (Le casque modulable est bien pratique pour s’adresser au gens quand on est à moto). L’accompagnatrice, une petite femme boulotte, me regarde avec des yeux de Merlan frit sans me répondre. A croire que tu lui as parlé en Serbo-croate, me dit ma petite voix. La gamine continue de hurler en se tenant l’épaule, (je comprends ce qu’elle doit endurer, cela me remémore ma récente fracture de l’épaule après une mauvaise chute à trottinette) Je suis très étonné par la réaction de l’accompagnatrice qui ignore totalement la gamine, se contentant juste de tenir les rênes du cheval de la petite fille qui venait de chuter. Je redémarre, et remonte la file des cavaliers toujours à allure modérée afin de ne pas effrayer les chevaux. Les cavaliers sont tous de jeunes enfants qui ne s’étaient pas rendu compte de ce qui s’était passé à l’arrière de leur groupe.
Les chevaux sont déjà dans mes rétros, que j’accélère doucement pour retrouver ma vitesse de croisière, mais je repense à l’évènement et je n’ai toujours pas compris le comportement de cette accompagnatrice vis-à-vis de cette gamine qui visiblement avait vraiment mal et son refus de tout aide de ma part.
Je passe par-dessus la N80 et continue par la D170 / D48 pour récupérer la D109 en prenant juste avant un bout de D978. A Sachagne-Montrachet je récupère la D906 (ex N6) une très belle départementale faite de grandes courbes, entrecoupé de longues lignes droites monotones, mais qui permettent d’avancer. A Arnay-le-Duc, mon waypoint m’indique une station-service que j’avais repéré sur le parcours. Je fais le plein. Une Road Glide préparée d’une façon improbable (pléonasme me glisse ma petite voix à l’oreille) vient prendre de l’essence peu après moi. Le motard, porte une chemise à carreau, raccord avec sa moto, je le salue de la tête, sans réponse de sa part. Suis-je con, je ne roule pas en Harley.
Je ne suis plus qu’à une trentaine de Kilomètre de l’auberge où je passerai la nuit, donc à une trentaine de minutes à tout casser. A Saulieu, je quitte la D109, pour enquiller la D977bis, puis la D106 / D225 pour enfin rejoindre la D226, une petite départementale qui me mènera directement devant la « Vieille Auberge du lac » situé à Saint Agnan, un petit hameau de 129 habitants situé près d’un lac, au cœur du parc naturel régional du Morvan.
Le cadre idéal pour un diner au calme et se reposer.
Je béquille la moto sur le parking de l’auberge, il est 18h20
A suivre...
*voir épisode 2
Dernière édition par Freuxeu le Jeu 14 Sep 2023 - 13:59, édité 4 fois
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Re: Une Bonneville Speedmaster pour un rodage et des ripailles aéronautiques
[ Petit carnet de voyage sur six jours (six épisodes)]
Mardi ...
- Pour la porte d’entrée donnant sur le parking, c’est quoi le code ? c’est « bip » (censuré) me répond l’aubergiste une femme élégante portant bien la cinquantaine.
– Ah ! Il faut que je le note, car avec ma mémoire de poisson rouge, dans 5 minutes je l’aurai oublié. Pensez à « bip » (censuré) me répond-t-elle. En effet, c’est plus simple comme ça, cela correspond à la date de naissance de l’un de mes fils. La mnémotechnique, c’est une méthode qu’utilisait feu mon père qui était aviateur et quand on n’arrive pas à ce souvenir de quelque chose, c’est bien pratique. L’un des exemples qu’il m’avait donnés quand j’étais enfant était sur la couleurs des lumières situées sur le bout des ailes des avions. La lumière rouge est-elle à gauche où à droite ? Evidement je n’en savais rien. Pour s’en souvenir définitivement, c’était simple comme de l’eau de roche, la solution était : les rouges (les communistes) sont à gauche, donc la lumière rouge se situait à gauche. Depuis ce jour-là, ce fût gravé définitivement dans ma mémoire. C’est le type de méthode qu’utilisait mon père (qui lui a toujours été à droite entre parenthèse) En même temps pour un militaire, cela n’avait rien d’étonnant.
Donc, j’allais pouvoir me souvenir de ce code grâce à cette méthode. Cela me permettra de charger la moto sans avoir à faire tout le tour de l’Auberge et quand on est chargé comme un baudet, ce petit détail avait son importance.
Le petit-déjeuner (cette fois ci, avec un choix fort appréciable : j’étais plus au couvent), fut pris sur la terrasse, afin de pouvoir fumer un cigarillo en prenant mon café. Je n’étais pas pressé, car je n’avais fixé aucune heure d’arrivée précise sur Créteil et donc, j’avais tout mon temps. L’auberge était fermée ce jour-là, seul le petit-déjeuner était assuré. Les clients devaient tous régler leur chambre la veille, ce que je fis. On pouvait ainsi partir sans passer par la case réception. Les bagages étant fait, ainsi que le remplissage des bouteilles, je pouvais enfin partir.
J’avais repéré sur le GPS, ainsi que sur ma carte au marqueur rouge (ceinture et bretelle) une petite station-service à 12 km de l’auberge sur la D10. La station était ouverte, je pus remplir le réservoir afin de partir l’esprit libre.
Carte + Tripy (ceinture et bretelle)
Enfin, pas complètement libre, car j’avais remarqué que de gros camions empruntaient la petites départementale pas très large que j’allais prendre… je pensais alors à la mésaventure d’un ouvreur sur une sortie en Bretagne, où celui-ci pour éviter un camion qui prenait toute la largeur de la petite route que nous empruntions, n’avait eu comme unique solution le fossés, pour éviter un choc frontal (heureusement, lui et sa femme s’en sortiront avec presque rien)… Les virages aveugles seront donc pris avec beaucoup de prudence.
Je croyais y échapper sur cette dernière étape, mais cela semble être la saison et contrairement aux champignons, ils n’ont pas besoin de pluie pour pousser aux bord des routes... Qui sont-ils ? Toujours les mêmes : Les panneaux indiquant l’épandage de gravillons. Je ralenti, mais ne voyant rien sur quelques kilomètres, j’en déduis que les voitures ont déjà bien tassé le tout, où que le panneau a été posé avant l’épandage. Fausse alerte, je préfère ça.
Cela fait 1 heure que je roule, je m’arrête sur une aire de repos de la D606, peu après Vermenton afin de m’hydrater. Alors que je suis en train de prendre des notes (pour écrire ce CR) un papillon* se pose sur la manche de ma veste. Je n’ose plus bouger. Il restera un long moment avant de s’envoler. Bel instant d’éternité.
La D606 est très roulante. Faite de grande ligne droite et de grande courbe, elle incite à rouler au-delà des limitations. A La Cour Barrée, je refranchis l’Yonne poursuivant sur la D606, afin de rejoindre la N6 qui me permettra de prendre la D84 qui passe sous l’A6 en direction de Brienon-sur-Armançon…
En traversant cette petite ville, une jolie femme en minijupe avec des jambes magnifiques, s’apprête à traverser sur un passage piéton au moment où j’arrive. Je m’arrête pour la laisser traverser. Elle me remercie avec un large sourire, mais contrairement à mon rêve**, elle ne ressemble pas à ma chirurgienne et ne me chante pas une chanson. Juste un grand sourire, c’est déjà ça.
A Arces, un petit plaisantin a dû trouver drôle de tagger sur le panneau un G devant ARCES, lettre partiellement effacée mais encore visible quand je suis passé sur la D84 qui mène au village. Le Maire n’a pas dû trouver ça drôle. Perso, cela m’a fait sourire. Cela me fait penser à la chanson « Ça balance pas mal à Paris » (le duo de France Gall et Michel Berger). Il n’y a pas qu’à Paris que ça balance, dans les campagnes aussi…
(On ne voit pas bien l'effacement du "G" sur cette photo "google map")
Sur la D905 à Cerisiers, j’avais repéré le restaurant du cheval Blanc, pour une pose resto. Le nom « restaurant » est resté, mais le tenancier ne fait plus restaurant, juste bistrot. Il m’indique, que la boulangerie située juste en face, fait de bons sandwichs et comme elle va bientôt fermer, j’y file illico. Je mangerai ainsi un sandwich accompagné d’un demi à la terrasse de ce bistrot et fumerai tranquillos un cigarillo accompagné d’un café. (Le tout, sauf le cigarillo, pour moins de 10 € : pas de doute, je suis encore loin de la Capitale) A côté de moi, j’ai la doublure de Michel Serrault dans la cage au folle, décidément, c’est animé dans nos campagnes. En face de ma table, à quelques mètres de la terrasse, une boite à livre attire mon regard. Elle a la taille d’une ancienne cabine téléphonique (cabine que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaitre). Je vais voir, y trouve « L’agent secret » de Graham Greene. Je suis servi, moi qui adore les romans d’espionnage.
la photo sans le camion de bouteille butane (qui est dans mon dos)
Avant de partir, je veux prendre une photo du bistro, avec la Triumph en premier plan, quand un camion distribuant des bouteilles de butanes se gare juste dans l’axe, masquant le bistro. Je patiente, le temps que le chauffeur fasse sa livraison. Au bout d’un quart d’heure, voyant le chauffeur livreur retourner dans sa cabine, je décide de rejoindre ma moto pour faire la photo. Mais le livreur ne part pas, il reste dans sa cabine pour consulter longuement son téléphone et redescend de sa cabine pour disparaitre quelques temps. Il remonte à nouveau pour en redescendre peu après pour se rendre dans le magasin qui distribue les bouteilles de butane. Les minutes passent et le chauffeur revient et remonte dans sa cabine. Il démarre enfin son camion et s’avance vers le carrefour. Je prends ma photo au moment où le camion recule pour se remettre à nouveau dans l’axe et arrête son moteur. Ma photo est foirée ... Et là, bouche bée, je vois le chauffeur qui quitte à nouveau sa cabine pour retourner vers le magasin. Je me dis que le manège va être interminable et décide finalement qu’une meilleure photo ne vaut pas le coup d’attendre. Vaincu par KO, je décidais de quitter les lieux en premier.
A la Croix-en brie, un village aux maisons grises qui sont repeintes par la pollution, je tombe sur un bar tabac miteux, qui me conviendra malgré tout, car je pense que ce sera la dernière pause possible avant de rentrer dans la méta-banlieue qui entoure la capitale.
On sait que l’on approche de la région parisienne, juste à l’odeur, à la couleur du crépi des maisons ou à l’aspect du village qui semble sous assistance respiratoire. Pas besoin de regarder la carte ni même un GPS, juste la vue et l’odeur. C’est dingue, me disais-je : mais qu’est-ce ça pue, j’avais presqu’oublié. Mais à force d’y vivre on finit par ne plus rien sentir : en fait, c’est ça le pire, c’est qu’on s’habitue. Ce n’est que quand on y retourne après une escapade loin de Paris qu’on réalise ce qu’on respire au quotidien.
Je gare finalement ma moto près du Bar-Tabac et rentre, le lieu est désert. Juste une dame au teint gris, dans un bar gris qui se tient derrière un comptoir gris. Je lui demande si je peux prendre un demi en terrasse, (ou plutôt sur le trottoir qui tient lieux de terrasse où deux petites tables rondes se battent en duel). Oui, c’est possible, me répond-elle, mais faudra revenir avec le verre, sur un ton limite suspicieux. N’ayez crainte, lui répondis-je avec amabilité, je ne vais pas partir avec.
Ah, oui ! j’avais oublié, il n’y a pas que la pollution de l’air. Même la mentalité du Francilien est polluée, aussi polluée que le crépis des murs. Mais je m’égare.
Je bois mon demi et grille un cigarillo. Une Ford Mustang rouge passe dans la rue. Si c’est un film, il doit y avoir une erreur dans le script.
Il ne me reste plus que 50 bornes avant d’arriver, mais quand on arrive en région parisienne, le meilleur n’est jamais pour la fin, c’est plutôt l’inverse. Finalement, cela passera comme une lettre à la Poste, mon itinéraire prenant la N4 en passant par la Queue-en-Brie ne sera pas encombré, surement à cause de l’heure car j’arrive avant la sortie des bureaux, en effet un coup d’œil sur mon GPS m’indique qu’il est 15h30 alors que j’arrive sur Créteil.
Le surlendemain, ma Triumph fera sa première révision après rodage. Elle affiche à son odomètre 1418 km. Je suis le motard le plus poilu de la planète.
Un petit hommage aux poilus avec mes 1418 km sur ce rodage
Fin de ce petit carnet de voyage.
*Un Vulcain (Vanessa atalanta)
**voir épisode 4
Mardi ...
- Pour la porte d’entrée donnant sur le parking, c’est quoi le code ? c’est « bip » (censuré) me répond l’aubergiste une femme élégante portant bien la cinquantaine.
– Ah ! Il faut que je le note, car avec ma mémoire de poisson rouge, dans 5 minutes je l’aurai oublié. Pensez à « bip » (censuré) me répond-t-elle. En effet, c’est plus simple comme ça, cela correspond à la date de naissance de l’un de mes fils. La mnémotechnique, c’est une méthode qu’utilisait feu mon père qui était aviateur et quand on n’arrive pas à ce souvenir de quelque chose, c’est bien pratique. L’un des exemples qu’il m’avait donnés quand j’étais enfant était sur la couleurs des lumières situées sur le bout des ailes des avions. La lumière rouge est-elle à gauche où à droite ? Evidement je n’en savais rien. Pour s’en souvenir définitivement, c’était simple comme de l’eau de roche, la solution était : les rouges (les communistes) sont à gauche, donc la lumière rouge se situait à gauche. Depuis ce jour-là, ce fût gravé définitivement dans ma mémoire. C’est le type de méthode qu’utilisait mon père (qui lui a toujours été à droite entre parenthèse) En même temps pour un militaire, cela n’avait rien d’étonnant.
Donc, j’allais pouvoir me souvenir de ce code grâce à cette méthode. Cela me permettra de charger la moto sans avoir à faire tout le tour de l’Auberge et quand on est chargé comme un baudet, ce petit détail avait son importance.
Le petit-déjeuner (cette fois ci, avec un choix fort appréciable : j’étais plus au couvent), fut pris sur la terrasse, afin de pouvoir fumer un cigarillo en prenant mon café. Je n’étais pas pressé, car je n’avais fixé aucune heure d’arrivée précise sur Créteil et donc, j’avais tout mon temps. L’auberge était fermée ce jour-là, seul le petit-déjeuner était assuré. Les clients devaient tous régler leur chambre la veille, ce que je fis. On pouvait ainsi partir sans passer par la case réception. Les bagages étant fait, ainsi que le remplissage des bouteilles, je pouvais enfin partir.
J’avais repéré sur le GPS, ainsi que sur ma carte au marqueur rouge (ceinture et bretelle) une petite station-service à 12 km de l’auberge sur la D10. La station était ouverte, je pus remplir le réservoir afin de partir l’esprit libre.
Carte + Tripy (ceinture et bretelle)
Enfin, pas complètement libre, car j’avais remarqué que de gros camions empruntaient la petites départementale pas très large que j’allais prendre… je pensais alors à la mésaventure d’un ouvreur sur une sortie en Bretagne, où celui-ci pour éviter un camion qui prenait toute la largeur de la petite route que nous empruntions, n’avait eu comme unique solution le fossés, pour éviter un choc frontal (heureusement, lui et sa femme s’en sortiront avec presque rien)… Les virages aveugles seront donc pris avec beaucoup de prudence.
Je croyais y échapper sur cette dernière étape, mais cela semble être la saison et contrairement aux champignons, ils n’ont pas besoin de pluie pour pousser aux bord des routes... Qui sont-ils ? Toujours les mêmes : Les panneaux indiquant l’épandage de gravillons. Je ralenti, mais ne voyant rien sur quelques kilomètres, j’en déduis que les voitures ont déjà bien tassé le tout, où que le panneau a été posé avant l’épandage. Fausse alerte, je préfère ça.
Cela fait 1 heure que je roule, je m’arrête sur une aire de repos de la D606, peu après Vermenton afin de m’hydrater. Alors que je suis en train de prendre des notes (pour écrire ce CR) un papillon* se pose sur la manche de ma veste. Je n’ose plus bouger. Il restera un long moment avant de s’envoler. Bel instant d’éternité.
La D606 est très roulante. Faite de grande ligne droite et de grande courbe, elle incite à rouler au-delà des limitations. A La Cour Barrée, je refranchis l’Yonne poursuivant sur la D606, afin de rejoindre la N6 qui me permettra de prendre la D84 qui passe sous l’A6 en direction de Brienon-sur-Armançon…
En traversant cette petite ville, une jolie femme en minijupe avec des jambes magnifiques, s’apprête à traverser sur un passage piéton au moment où j’arrive. Je m’arrête pour la laisser traverser. Elle me remercie avec un large sourire, mais contrairement à mon rêve**, elle ne ressemble pas à ma chirurgienne et ne me chante pas une chanson. Juste un grand sourire, c’est déjà ça.
A Arces, un petit plaisantin a dû trouver drôle de tagger sur le panneau un G devant ARCES, lettre partiellement effacée mais encore visible quand je suis passé sur la D84 qui mène au village. Le Maire n’a pas dû trouver ça drôle. Perso, cela m’a fait sourire. Cela me fait penser à la chanson « Ça balance pas mal à Paris » (le duo de France Gall et Michel Berger). Il n’y a pas qu’à Paris que ça balance, dans les campagnes aussi…
(On ne voit pas bien l'effacement du "G" sur cette photo "google map")
Sur la D905 à Cerisiers, j’avais repéré le restaurant du cheval Blanc, pour une pose resto. Le nom « restaurant » est resté, mais le tenancier ne fait plus restaurant, juste bistrot. Il m’indique, que la boulangerie située juste en face, fait de bons sandwichs et comme elle va bientôt fermer, j’y file illico. Je mangerai ainsi un sandwich accompagné d’un demi à la terrasse de ce bistrot et fumerai tranquillos un cigarillo accompagné d’un café. (Le tout, sauf le cigarillo, pour moins de 10 € : pas de doute, je suis encore loin de la Capitale) A côté de moi, j’ai la doublure de Michel Serrault dans la cage au folle, décidément, c’est animé dans nos campagnes. En face de ma table, à quelques mètres de la terrasse, une boite à livre attire mon regard. Elle a la taille d’une ancienne cabine téléphonique (cabine que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaitre). Je vais voir, y trouve « L’agent secret » de Graham Greene. Je suis servi, moi qui adore les romans d’espionnage.
la photo sans le camion de bouteille butane (qui est dans mon dos)
Avant de partir, je veux prendre une photo du bistro, avec la Triumph en premier plan, quand un camion distribuant des bouteilles de butanes se gare juste dans l’axe, masquant le bistro. Je patiente, le temps que le chauffeur fasse sa livraison. Au bout d’un quart d’heure, voyant le chauffeur livreur retourner dans sa cabine, je décide de rejoindre ma moto pour faire la photo. Mais le livreur ne part pas, il reste dans sa cabine pour consulter longuement son téléphone et redescend de sa cabine pour disparaitre quelques temps. Il remonte à nouveau pour en redescendre peu après pour se rendre dans le magasin qui distribue les bouteilles de butane. Les minutes passent et le chauffeur revient et remonte dans sa cabine. Il démarre enfin son camion et s’avance vers le carrefour. Je prends ma photo au moment où le camion recule pour se remettre à nouveau dans l’axe et arrête son moteur. Ma photo est foirée ... Et là, bouche bée, je vois le chauffeur qui quitte à nouveau sa cabine pour retourner vers le magasin. Je me dis que le manège va être interminable et décide finalement qu’une meilleure photo ne vaut pas le coup d’attendre. Vaincu par KO, je décidais de quitter les lieux en premier.
A la Croix-en brie, un village aux maisons grises qui sont repeintes par la pollution, je tombe sur un bar tabac miteux, qui me conviendra malgré tout, car je pense que ce sera la dernière pause possible avant de rentrer dans la méta-banlieue qui entoure la capitale.
On sait que l’on approche de la région parisienne, juste à l’odeur, à la couleur du crépi des maisons ou à l’aspect du village qui semble sous assistance respiratoire. Pas besoin de regarder la carte ni même un GPS, juste la vue et l’odeur. C’est dingue, me disais-je : mais qu’est-ce ça pue, j’avais presqu’oublié. Mais à force d’y vivre on finit par ne plus rien sentir : en fait, c’est ça le pire, c’est qu’on s’habitue. Ce n’est que quand on y retourne après une escapade loin de Paris qu’on réalise ce qu’on respire au quotidien.
Je gare finalement ma moto près du Bar-Tabac et rentre, le lieu est désert. Juste une dame au teint gris, dans un bar gris qui se tient derrière un comptoir gris. Je lui demande si je peux prendre un demi en terrasse, (ou plutôt sur le trottoir qui tient lieux de terrasse où deux petites tables rondes se battent en duel). Oui, c’est possible, me répond-elle, mais faudra revenir avec le verre, sur un ton limite suspicieux. N’ayez crainte, lui répondis-je avec amabilité, je ne vais pas partir avec.
Ah, oui ! j’avais oublié, il n’y a pas que la pollution de l’air. Même la mentalité du Francilien est polluée, aussi polluée que le crépis des murs. Mais je m’égare.
Je bois mon demi et grille un cigarillo. Une Ford Mustang rouge passe dans la rue. Si c’est un film, il doit y avoir une erreur dans le script.
Il ne me reste plus que 50 bornes avant d’arriver, mais quand on arrive en région parisienne, le meilleur n’est jamais pour la fin, c’est plutôt l’inverse. Finalement, cela passera comme une lettre à la Poste, mon itinéraire prenant la N4 en passant par la Queue-en-Brie ne sera pas encombré, surement à cause de l’heure car j’arrive avant la sortie des bureaux, en effet un coup d’œil sur mon GPS m’indique qu’il est 15h30 alors que j’arrive sur Créteil.
Le surlendemain, ma Triumph fera sa première révision après rodage. Elle affiche à son odomètre 1418 km. Je suis le motard le plus poilu de la planète.
Un petit hommage aux poilus avec mes 1418 km sur ce rodage
Fin de ce petit carnet de voyage.
*Un Vulcain (Vanessa atalanta)
**voir épisode 4
Dernière édition par Freuxeu le Jeu 14 Sep 2023 - 14:00, édité 4 fois
Freuxeu- Messages : 264
Date d'inscription : 11/10/2022
Age : 64
Re: Une Bonneville Speedmaster pour un rodage et des ripailles aéronautiques
un grand merci c’était sympa à lire
Davids40- Messages : 279
Date d'inscription : 17/07/2022
Age : 50
Re: Une Bonneville Speedmaster pour un rodage et des ripailles aéronautiques
Super ces CR à rebondissements
Merci pour tout le temps que tu y as consacré !
Merci pour tout le temps que tu y as consacré !
Pareil pour moi avec la mnémotechnique : la main gauche, c’est celle où le pouce est à droiteFreuxeu a écrit:La mnémotechnique, c’est une méthode qu’utilisait feu mon père qui était aviateur et quand on n’arrive pas à ce souvenir de quelque chose, c’est bien pratique. L’un des exemples qu’il m’avait donnés quand j’étais enfant était sur la couleurs des lumières situées sur le bout des ailes des avions. La lumière rouge est-elle à gauche où à droite ? Evidement je n’en savais rien. Pour s’en souvenir définitivement, c’était simple comme de l’eau de roche, la solution était : les rouges (les communistes) sont à gauche, donc la lumière rouge se situait à gauche.
Microto- Admin
- Messages : 478
Date d'inscription : 19/10/2021
Re: Une Bonneville Speedmaster pour un rodage et des ripailles aéronautiques
Microto a écrit:Super ces CR à rebondissements
Merci pour tout le temps que tu y as consacré !Pareil pour moi avec la mnémotechnique : la main gauche, c’est celle où le pouce est à droiteFreuxeu a écrit:La mnémotechnique, c’est une méthode qu’utilisait feu mon père qui était aviateur et quand on n’arrive pas à ce souvenir de quelque chose, c’est bien pratique. L’un des exemples qu’il m’avait donnés quand j’étais enfant était sur la couleurs des lumières situées sur le bout des ailes des avions. La lumière rouge est-elle à gauche où à droite ? Evidement je n’en savais rien. Pour s’en souvenir définitivement, c’était simple comme de l’eau de roche, la solution était : les rouges (les communistes) sont à gauche, donc la lumière rouge se situait à gauche.
Freuxeu- Messages : 264
Date d'inscription : 11/10/2022
Age : 64
Re: Une Bonneville Speedmaster pour un rodage et des ripailles aéronautiques
Merci pour le récit haut en couleurs
Bonnes balades à tous
Bonnes balades à tous
Spock- Messages : 47
Date d'inscription : 09/01/2020
Age : 64
Re: Une Bonneville Speedmaster pour un rodage et des ripailles aéronautiques
Spock a écrit:Merci pour le récit haut en couleurs
Bonnes balades à tous
MERCI Heureux d'apprendre que tu as apprécié.
Freuxeu- Messages : 264
Date d'inscription : 11/10/2022
Age : 64
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